Retrait progressif des troupes de la SADC de la RDC : entre échec stratégique et espoirs diplomatiques


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Des soldats sud-africains
Des soldats sud-africains

Le retrait officiel des troupes de la mission militaire de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) déployées dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) a débuté le 29 avril 2025, selon l’annonce faite par le général sud-africain Rudzani Maphwanya. Ce retrait, qui doit s’achever d’ici fin mai, marque la fin anticipée de la mission SAMIDRC (SADC Mission in the DRC), lancée en décembre 2023 pour faire face à la menace croissante des rebelles du M23.

Les troupes de la mission militaire de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) déployées dans l’Est de la République Démocratique du Congo ont entamé leur retrait. Selon le général sud-africain Rudzani Maphwanya, les troupes sud-africaines seraient rapatriées par avion et que l’équipement retournerait par voie maritime. Les soldats sud-africains seront accueillis à Bloemfontein pour une phase de récupération post-opérationnelle.

La SADC critiquée pour son manque d’efficacité

Les troupes quittent la ville stratégique de Goma, dans le Nord-Kivu, pour rejoindre un point de rassemblement en Tanzanie avant d’être réaffectées à leurs pays d’origine, notamment l’Afrique du Sud, le Malawi et la Tanzanie. Cette opération intervient dans un contexte de cessez-le-feu avec le M23, que Maphwanya espère voir respecté sans condition. Le lieutenant-général Siphiwe Sangweni a souligné que le retrait est réalisé par étapes, en raison notamment des difficultés logistiques dues à l’état des routes.

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Cette décision fait suite au sommet extraordinaire de la SADC du 13 mars 2025, au cours duquel les dirigeants ont décidé d’abréger la mission. Le retrait a été déclenché dans un climat de revers militaires importants : le M23, soutenu par le Rwanda, a non seulement repris Goma mais aussi Bukavu. La mission, critiquée pour son manque d’efficacité, a subi d’importantes pertes humaines, dont 14 soldats sud-africains tués. Cette situation a déclenché une vive controverse en Afrique du Sud, où l’opposition a remis en question l’intérêt et les résultats de l’engagement congolais.

Joseph Kabila insiste pour une solution congolaise au conflit

À Kinshasa, le Président Félix Tshisekedi a salué l’effort des troupes de la SADC, tout en se retrouvant confronté à une situation de plus en plus délicate. Sans soutien militaire régional, il est contraint de se tourner vers des alternatives diplomatiques, notamment les processus de paix de Luanda et de Nairobi. L’Angola, qui avait entamé une médiation, a cependant abandonné sa position de facilitateur, compliquant davantage le chemin vers une paix durable.

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Dans ce contexte de retrait, l’ancien Président Joseph Kabila a réaffirmé l’importance d’une solution congolaise au conflit. Depuis la Namibie, il a appelé au départ de toutes les forces étrangères de l’Est du pays, rappelant les efforts de paix engagés après 2001 sous son autorité. Kabila a critiqué l’intervention étrangère, soulignant que seule une approche dirigée par les Congolais pourrait apporter une solution durable. Il a aussi dénoncé le soutien sud-africain au gouvernement de Tshisekedi, qu’il qualifie de « tyrannique », et insisté sur la nécessité d’une réponse africaine coordonnée à cette crise.

Dénonciation des attaques militaires conjointes menées par la SADC

Au niveau régional, un sommet CAE-SADC s’est tenu en février 2025 à Dar es-Salaam. Les dirigeants ont convenu de fusionner les processus de paix de Luanda et Nairobi et d’appliquer une feuille de route conjointe comprenant des interventions militaires et politiques. Cette initiative vise notamment à neutraliser les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), milice génocidaire rwandaise installée dans l’est de la RDC, à l’origine de nombreuses tensions régionales. Lors de la réunion ministérielle du 17 mars à Harare, les États membres se sont engagés à agir de manière coordonnée, soulignant que seul un effort africain collectif pourrait résoudre la crise.

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Du côté des rebelles, l’Alliance Fleuve Congo (AFC), coalition comprenant le M23, a dénoncé les attaques militaires conjointes menées par la SADC, les FARDC, les FDLR et les milices locales congolaises. Ces actions sont perçues comme une violation des accords précédents et compromettent, selon l’AFC/M23, les efforts de réhabilitation des infrastructures comme l’aéroport de Goma. Le groupe rebelle exige le retrait immédiat des troupes de la SADC et menace d’imposer la reddition des FARDC encore présentes dans certaines installations. Des affrontements ont eu lieu récemment dans Goma, mettant à mal le fragile cessez-le-feu.

Les mises en garde du porte-parole de l’AFC

Le 28 mars, un accord avait pourtant été signé entre la SADC et les rebelles pour organiser un retrait ordonné. Cependant, les tensions persistent, et l’AFC/M23 accuse le gouvernement congolais de saboter les efforts de paix en poursuivant les attaques. Le porte-parole de l’AFC, Lawrence Kanyuka, avait menacé de revoir la position du groupe, affirmant que la sécurité des civils et des troupes dans les zones contrôlées par les rebelles serait assurée, même au prix de nouvelles confrontations.

En résumé, le retrait de la SADC de la RDC symbolise à la fois un aveu d’échec militaire et un tournant potentiel vers une résolution diplomatique du conflit. Il laisse cependant la RDC dans une position incertaine, sans garantie de paix durable à court terme.

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