Retour sur la domination de l’Algérie aux Championnats arabes d’athlétisme d’Oran


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Championnat arabe d'Oran 2025
Championnat arabe d'Oran 2025

Un mois après la clôture des 24ᵉs Championnats arabes d’athlétisme, l’hégémonie algérienne continue de faire parler. Avec 53 médailles dont 18 en or, les Verts ont réalisé leur meilleure performance historique sur la scène arabe. Retour sur les ressorts d’un succès qui révèle la transformation profonde de l’athlétisme national.

Quand les derniers concurrents ont quitté le complexe Miloud-Hadefi d’Oran le 4 mai dernier, le bilan algérien interpellait par son caractère écrasant. Face aux 224 athlètes de 13 nations arabes, l’équipe nationale avait raflé plus du tiers des médailles d’or distribuées, creusant un écart abyssal avec ses poursuivants. La Tunisie, deuxième avec 19 médailles au total, accusait un retard de 34 breloques, tandis que l’Égypte, troisième, se contentait de 16 récompenses.

Cette domination trouve ses racines dans une stratégie à long terme initiée depuis plusieurs années. L’analyse des performances révèle une montée en puissance méthodique, fruit d’investissements ciblés et d’une vision claire des objectifs. « Ce n’est pas un hasard si nous avons atteint ce niveau », nous confie un proche de la Fédération algérienne d’athlétisme. « Le travail de fond mené depuis 2020 commence à porter ses fruits. »

L’héritage des Jeux méditerranéens, catalyseur du renouveau

L’organisation des Jeux méditerranéens d’Oran en 2022 apparaît rétrospectivement comme une période décisive. Au-delà de l’effet vitrine, cette échéance a permis de moderniser les infrastructures et de professionnaliser l’encadrement. Le complexe Miloud-Hadefi, avec sa piste homologuée parmi les meilleures au monde, est devenu un véritable laboratoire de la performance.

Cette transformation s’est accompagnée d’une révolution dans l’organisation. L’arrivée de techniciens formés aux standards internationaux, la mise en place de protocoles d’entraînement modernisés et l’investissement dans la détection des jeunes talents ont créé une dynamique vertueuse. « Nous avons changé de dimension« , reconnaît Othmane Habib, directeur technique national. « Les chronos réalisés à Oran, notamment en sprint, se rapprochent désormais des standards mondiaux. »

Une préparation minutieuse récompensée

L’analyse de la préparation spécifique aux championnats arabes révèle une approche scientifique exemplaire. Le stage d’altitude à Sétif, à 1 100 mètres, a permis d’optimiser les capacités aérobies des athlètes, tandis que la phase de réglages techniques à Oran a affiné les automatismes. Cette périodisation, inspirée des méthodes utilisées par les grandes nations athlétiques, a donné des résultats spectaculaires.

La régularité de la moisson quotidienne témoigne de cette préparation maîtrisée. Douze médailles le premier jour, dix-sept le deuxième, onze le troisième, puis l’apothéose finale avec seize breloques dont sept en or : cette progression contrôlée illustre une gestion optimale de la forme sportive. « Nous avons programmé les pics de performance au bon moment« , explique un membre de l’encadrement technique.

Le pari réussi du renouvellement générationnel

L’une des clés de cette réussite réside dans l’équilibre trouvé entre expérience et jeunesse. Avec 40% de médaillés âgés de moins de 23 ans, l’Algérie a démontré la profondeur de son vivier. Cette politique de renouvellement, initiée il y a plusieurs années, commence à produire ses effets.

Les victoires de Chaïma Ouanis sur 400 m haies ou de Darina Hadil Rezik en saut en hauteur illustrent cette montée en puissance de la nouvelle génération. Ces performances ne sont pas le fruit du hasard mais d’un travail de détection et de formation mené dans les centres régionaux. « Nous avons misé sur la jeunesse tout en conservant l’expérience des anciens« , souligne Yacine Louail, président de la Fédération algérienne d’athlétisme.

Au-delà des chiffres, c’est la diversité des disciplines conquises qui impressionne. Cette polyvalence contraste avec les stratégies de spécialisation adoptées par d’autres nations arabes. Là où certains pays misent sur quelques disciplines fétiches, l’Algérie a développé une approche globale qui lui permet de rayonner sur l’ensemble du programme.

Les défis à venir sur la scène continentale et mondiale

Si cette domination arabe constitue un succès indéniable, elle ne représente qu’une étape vers des objectifs plus ambitieux. Les Jeux africains de 2027 et les Jeux olympiques de 2028 constituent désormais les véritables échéances test. L’objectif affiché de porter le contingent algérien de 8 à 15 athlètes qualifiés pour Los Angeles nécessitera une montée en gamme supplémentaire.

Le meeting international prévu le 28 juin à Oran s’inscrit dans cette logique de progression. Il s’agira de confirmer les chronos réalisés en avril et de valider les minima pour les Mondiaux 2025 de Tokyo. Une échéance cruciale pour mesurer la capacité de l’athlétisme algérien à franchir le palier supérieur.

Un modèle à suivre

Cette réussite oranaise pose également des questions sur la hiérarchie de l’athlétisme arabe. L’écart creusé par l’Algérie interpelle sur les politiques sportives menées par les autres nations de la région. Certains observateurs y voient le reflet d’investissements différenciés, d’autres évoquent les effets bénéfiques d’une stabilité institutionnelle retrouvée.

La performance algérienne des championnats arabes d’Oran restera comme un marqueur historique, celui d’une nation qui a su transformer l’essai méditerranéen en success story durable.

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Amadou Atar est une référence dans le monde du football africain. Il est précis et objectif dans ses articles, même si on ne peut lui enlever un penchant historique pour le mythique club français de Saint-Etienne où sont passés plusieurs des plus grands joueurs africains de l'histoire
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