
À peine remis au président de la transition, le projet de nouvelle Constitution guinéenne suscite déjà une vive polémique. Derrière l’annonce officielle du 26 juin, certains y voient moins un retour à l’ordre constitutionnel qu’un possible verrouillage du pouvoir. L’allongement du mandat présidentiel, en particulier, concentre les critiques et ravive les doutes sur les intentions réelles du général Mamadi Doumbouya.
Mais dans un contexte de répression des libertés et d’incertitudes sur l’avenir politique du général Doumbouya, de nombreux observateurs redoutent un recul démocratique déguisé.
Un flou persistant sur la candidature de Doumbouya
Si la nouvelle Constitution n’indique pas explicitement si Mamadi Doumbouya pourra se présenter à la prochaine élection présidentielle, plusieurs personnalités proches du pouvoir ont déjà affiché leur soutien à une éventuelle candidature. Pourtant, la charte de transition adoptée après le coup d’État stipulait qu’aucun membre de la junte ne pouvait briguer une fonction élective. Le flou entretenu autour des intentions du chef de la junte laisse craindre un scénario similaire à celui d’autres pays où des militaires arrivés au pouvoir ont fini par s’y maintenir.
Réformes symboliques ou écran de fumée ?
Outre la question de la durée du mandat présidentiel, le texte propose également des avancées sur le plan sociétal. Il prévoit un quota d’au moins 30 % de femmes dans les instances décisionnelles et électives, et propose d’élever les langues nationales au rang de langues officielles, aux côtés du français. Ces mesures, bien accueillies dans l’ensemble, ne suffisent toutefois pas à apaiser les inquiétudes d’une population dont les libertés se sont largement réduites depuis la prise du pouvoir par les militaires.
Une transition qui s’éternise
Initialement, les autorités militaires s’étaient engagées à transférer le pouvoir à des civils avant fin 2024. Mais cet engagement n’a pas été tenu, et le processus semble désormais s’orienter vers un référendum constitutionnel sans garantie d’une véritable alternance. Pour nombre d’observateurs, ce glissement du calendrier et l’absence de transparence sur la suite de la transition confirment la volonté de la junte de s’inscrire dans la durée. La communauté internationale, qui avait salué les premières promesses de retour à l’ordre démocratique, commence à exprimer ses doutes.