
Deux fidèles lieutenants de Paul Biya brisent le silence présidentiel. Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary, figures historiques du pouvoir camerounais et tous deux originaires du Nord, ont annoncé leurs candidatures à la présidentielle d’octobre, alors que le chef de l’État reste muet sur ses intentions. Cette défection surprise de deux anciens alliés, après des décennies de loyauté, suscite interrogations et soupçons dans l’opinion publique : stratégie de diversion, quête de nouveaux privilèges ou véritable volonté de changement ? À quelques mois du scrutin, ces candidatures inattendues redessinent les contours d’une campagne où l’incertitude règne.
A quelques mois de l’élection présidentielle au Cameroun, et en attendant la convocation du corps électoral, Bello Bouba Maïgari (78 ans), président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), ancien premier ministre et l’actuel ministre d’État du Tourisme et des Loisirs et Issa Tchiroma Bakary (75 ans), président du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc), ex-ministre démissionnaire de l’Emploi et de la Formation professionnelle, tous deux originaires du Nord et anciens alliés du parti au pouvoir, le Rdpc (rassemblement démocratique du peuple camerounais), ont annoncé leurs candidatures à l’élection présidentielle d’octobre prochain.
Sachant d’une part que les deux candidats sont de fins politiciens et ont toujours contribué énergiquement à la victoire du chef de l’État, et d’autre part que Paul Biya (92 ans), au pouvoir depuis 1982 ne s’est toujours pas prononcé sur sa candidature, cette situation ne peut que susciter des interrogations, quant à cette prompte réaction de ces deux alliés historiques du parti au pouvoir.
« Qu’est-ce qui se cache derrière les deux candidatures des anciens alliés du parti au pouvoir ? Pourquoi avant, ces deux membres du gouvernement accordaient leurs suffrages au parti au pouvoir ? Pourquoi ce prompt retournement de veste ? Pourquoi se jettent-ils maintenant à l’eau/ cessent-ils d’être des ‟followers‟ ? Ont-ils ressenti le violent vent de changement qui s’annonce de part et d’autre, pour finalement sortir de leur profond sommeil ? Maintenant, veulent-ils plus de postes ministériels ? Qu’est-ce qui n’a donc pas marché ? Cela n’annonce-t-il pas un nouveau jeu, pour fragiliser ou endormir les vrais partis de l’opposition ? », s’interroge le mécanicien François Z..
« Pour ma part, annoncer sa candidature, quand tu as longtemps soutenu quelqu’un, ne veut pas dire qu’on lui a définitivement tourné le dos. On peut faire semblant de démissionner de son poste peu juteux, pour jouer un nouveau rôle, et espérer en être très bien récompensé après. Sans être politologue, c’est en cela que je vois ces candidatures déclarées l’une après l’autre », déclare l’électricien Alain P.
Dans l’attente d’un troisième président seulement depuis l’indépendance
Pour la ménagère Matilde O,« que les présidents Bello Bouba Maïgari, plus de 50 ans d’engagement politique et Issa Tchiroma Bakary, démissionnent ou non, de leurs postes ministériels, afin d’annoncer leurs candidatures, il faut toujours faire attention aux boutades des hommes politiques. Ce qui intéresse les populations est que le travail soit bien fait et que chaque citoyen, sans distinction de sexe, de chapelle politique, ethnique, ou religieuse, puisse tirer son épingle du jeu».
« Du haut de mes 32 ans, que j’ai hâte de connaître le troisième président de mon pays, le Cameroun!. Alors, si les deux candidats originaires du septentrion, se sont finalement réveillés de leur profond sommeil, et se décident réellement de challenger leur ancien maître, qui n’est autre que l’actuel locataire du palais d’Etoudi, je leur accorderai ma voix. Il est connu de tous, que cette partie du pays, constitue le bétail électoral pour le parti au pouvoir, c’est la raison pour laquelle, à chaque élection présidentielle, Paul Biya, bien que fatigué par le poids de l’âge, s’efforce toujours d’y aller battre compagne, même pour moins d’une heure. »