RDC, Virunga : cent ans de résistance et d’espoir pour le plus vieux parc d’Afrique


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Virunga

Le parc national des Virunga, plus vieux parc animalier du continent, célèbre son premier centenaire cette année. Occasion de faire le bilan d’un siècle d’existence passé à conserver et entretenir une grande diversité d’espèces animales sur les riches terres congolaises.

Le parc national des Virunga, joyau écologique de la République démocratique du Congo et patrimoine mondial de l’UNESCO, célèbre en 2025 son centenaire. Cent ans d’histoire marquée par des défis titanesques, mais aussi par une incroyable résilience. Dans un contexte de conflits armés, de pressions démographiques et d’exploitation illicite des ressources naturelles, le parc tient bon : aucune espèce animale n’y a disparu depuis sa création en 1925.

Un siècle de biodiversité préservée

Malgré les innombrables menaces, le parc des Virunga continue d’abriter une richesse exceptionnelle. Il compte aujourd’hui 706 espèces d’oiseaux – dont deux nouvellement découvertes –, 250 espèces de mammifères et de reptiles, ainsi qu’une population croissante de gorilles de montagne, qui atteint désormais 350 individus, soit trois fois plus que leur effectif dans les années 1970. À cela s’ajoutent 544 éléphants et environ 1 300 hippopotames. Une véritable prouesse, fruit de décennies d’efforts de conservation menés par les autorités congolaises, les écogardes et les partenaires internationaux.

Pour Emmanuel de Merode, directeur du parc depuis 17 ans, cette réussite n’efface pas les tensions croissantes, notamment liées à la pression foncière : « La tension est liée aux terres. Mais la population a besoin de terres. La seule solution, c’est de moderniser l’économie pour qu’elle ne dépende pas uniquement de la terre ».

Un territoire sous tension permanente

Au-delà de la pression démographique, les groupes armés représentent une menace constante. Environ 50 % de la surface du parc seraient actuellement « sous occupation armée », selon l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN). Les principaux acteurs de cette instabilité sont les rebelles du M23, les ADF, les Maï-Maï ou encore les FDLR. Ces groupes tirent profit de l’exploitation illégale des ressources du parc – charbon, bois, pêche, braconnage – pour financer leurs activités, alimentant un circuit économique illicite estimé à plusieurs millions de dollars.

Le lac Édouard, qui borde le parc, est aussi victime d’une pêche illégale croissante, tandis que la déforestation s’accélère dans certaines zones périphériques sous l’effet de l’exploitation artisanale du bois.

Une prise de conscience collective urgente

Lors de la cérémonie d’inauguration du centenaire, tenue le lundi 21 avril à Beni, le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général-major Évariste Somo Kakule, a salué l’héritage du parc, tout en appelant à une mobilisation générale pour garantir sa pérennité : « Ce parc fait briller de mille feux ce pays. Ses merveilles font réveiller le monde. Que cette année soit celle du dialogue sincère entre les communautés et le parc, pour que la conservation serve les générations présentes et futures ». Il a insisté sur le fait que la célébration du centenaire ne marque pas une fin, mais un nouveau départ.

Les autorités congolaises, les partenaires internationaux et les défenseurs de l’environnement convergent sur un point : la conservation du parc des Virunga est un enjeu stratégique pour la biodiversité, le développement durable et même la souveraineté du pays. Malgré les menaces, certaines zones du parc demeurent strictement protégées, préservant des écosystèmes uniques au monde.

Dans un contexte d’instabilité sécuritaire persistante, le centenaire du parc des Virunga est un symbole de résistance et d’espoir, mais aussi un appel à l’action. Pour que ce sanctuaire naturel continue de survivre et de prospérer pendant les cent prochaines années.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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