Le Rwanda acte son départ de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale


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Bataille diplomatique entre Paul Kagamé et Félix Tshisekedi au sein de la CEEAC
Bataille diplomatique entre Paul Kagamé et Félix Tshisekedi au sein de la CEEAC

Le 8 juin dernier, le Rwanda a annoncé son retrait de la communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) après 16 ans d’adhésion. Motivé par des tensions politiques internes au bloc régional ce départ met aussi en lumière les difficultés structurelles de l’organisation dont l’intégration économique reste limitée.

un retrait sur fond de conflit entre RDC et Rwanda

Le Président rwandais Paul Kagamé

C’est en effet en raison du conflit qui l’oppose au Rwanda, que la République Démocratique du Congo (RDC) a saisi la CEEAC, pour demander au Rwanda de cesser de soutenir les rebelles dans l’est du Congo, obtenant une réponse favorable de la part des pays membres de l’organisation. Le Rwanda qui devait en prendre la présidence tournante, s’est finalement vu refuser ce poste, voyant ainsi le mandat du président Obiang Nguema de la Guinée Equatoriale prolongé. Le procédé a fortement irrité le président Rwandais Paul Kagamé, qui avait déjà quelques mois auparavant exprimé ses inquiétudes sur l’efficacité de la CEEAC, lui reprochant d’être un bloc avec une faible performance en matière d’intégration régionale. Mais cette fois la coupe était pleine.

Il reste parfaitement vrai que comparée à la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou à la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC), la CEEAC est l’une des régions où l’intégration avance le moins, car le dynamisme y est insuffisant, manquant d’initiative fortes pour faire avancer une vision économique partagée. Ce constat se fait aussi remarquer par un manque de volonté politique et de capacités institutionnelles car la CEEAC peine à générer des projets communs et il a d’ailleurs été constaté que certains projets financés par des bailleurs de fonds, prévus pour trois ou quatre ans, avaient finalement été mis en œuvre en plus de neuf ans, preuve du laxisme dans lequel cette Communauté évolue, comparée aux autres. 

Un impact minimal pour la CEEAC

S’il est vrai que le départ du Rwanda pourrait compliquer l’usage du corridor de Dar-es-Salaam, point stratégique pour l’approvisionnement rwandais et perturber certains secteurs tels que le transport aérien et les télécommunications, ce départ de la CEEAC ne va pas créer une onde de choc majeure, lorsqu’on sait que dans cette région économique, chaque pays peut vivre en grande partie grâce à ses ressources naturelles. 

La malédiction des matières premières fait en sorte que contrairement à la CEDEAO ou à l’Afrique de l’Est où les échanges sont essentiels au développement, au niveau de la CEEAC la nécessité d’une intégration économique forte est limitée. Pourtant, plus largement parlant, la CEEAC dont les échanges intra régionaux représentent à peine 5 % du commerce africain verra sa voix affaiblie dans la construction d’un marché régional dynamique.

Il serait donc important pour la région CEEAC de surmonter les défis politiques et institutionnels pour convaincre les États membres que leur avenir passe par une coopération plus étroite, sans laquelle cette partie de l’Afrique restera en marge des grandes dynamiques d’intégration économique du continent.

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Diplômé de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) je suis spécialiste des relations internationales au sein de la Francophonie et de l'Union Africaine et de tout ce qui touche la diplomatie en Afrique francophone
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