
Dix-huit jours après sa suspension par les autorités congolaises, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation de l’ancien Président, Joseph Kabila, a annoncé ce mardi la reprise officielle de ses activités sur toute l’étendue du territoire national. Une décision qui soulève des questions juridiques, ravive les tensions politiques et exacerbe les fractures institutionnelles.
Entre le clan Kabila et les autorités de la RDC, la tension continue de monter. Surtout avec la décision que vient de prendre le PPRD de reprendre ses activités alors que le gouvernement, lui, n’a pas encore prononcé la levée de la suspension.
Un argument juridique précis : l’article 29 en point d’appui
Dans sa déclaration diffusée le 6 mai, le bureau politique du PPRD s’appuie sur l’article 29 de la loi n° 04/002 du 15 mars 2004 sur les partis politiques. Cette disposition limite à 15 jours la durée d’une suspension administrative prononcée par une autorité territoriale ou ministérielle, sauf si une décision judiciaire vient la prolonger. Or, souligne le PPRD, aucune suite judiciaire n’est venue proroger la mesure depuis le note signée le 19 avril par le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur.
« La décision de suspension est levée d’office », affirme le parti, qui dénonce une suspension « injuste et arbitraire » visant à museler la mouvance kabiliste. Pour ses cadres, l’absence de réponse à leur recours administratif illustre une instrumentalisation de l’appareil judiciaire contre l’opposition.
Un test pour les institutions : risques de crise et d’escalade
La reprise unilatérale du PPRD place le gouvernement congolais face à un dilemme : soit il accepte ce retour et laisse filer une décision contestée, risquant de passer pour faible, soit il contre-attaque juridiquement ou par de nouvelles mesures administratives, au risque d’envenimer le climat politique.
Déjà fragilisées par des accusations récurrentes de partialité, les institutions judiciaires sont interpellées sur leur capacité à traiter ce contentieux en toute indépendance. Le PPRD insiste sur le fait qu’il n’est « pas un mouvement insurrectionnel » et qu’il respecte la Constitution, cherchant à se prémunir contre toute accusation de trouble à l’ordre public.
Ce nouvel épisode illustre la persistance des antagonismes entre le camp Tshisekedi et celui de Kabila. Au-delà du simple enjeu de la reprise d’activités, c’est toute la question de la coexistence démocratique qui est posée. Si aucune issue judiciaire n’intervient rapidement, le bras de fer pourrait s’amplifier, alimentant les discours d’exclusion politique et de persécution qui hantent la scène congolaise depuis des décennies.
Pour l’instant, le gouvernement n’a pas officiellement réagi à la décision du PPRD. Mais la balle est désormais dans le camp des autorités.