RDC : l’Union sacrée organise une marche à Kinshasa pour exiger le respect de la résolution 2773


Lecture 4 min.
Drapeau de la République Démocratique du Congo
Drapeau de la République Démocratique du Congo

Ce vendredi 19 décembre, l’Union sacrée pour la nation (USN), la plateforme politique soutenant le Président Félix Tshisekedi, a organisé à Kinshasa un rassemblement pacifique pour exiger, entre autres, le respect intégral de la résolution 2773 des Nations unies. Cette résolution, adoptée par le Conseil de sécurité, exige que le Rwanda se retire immédiatement du territoire congolais et cesse tout soutien aux groupes armés, en particulier le M23, actif dans l’est de la RDC.

Le cortège, qui a débuté à la station-service Cohydro, sur la première rue de la commune de Limete, a traversé la ville avant de se terminer au Palais du Peuple, le siège de l’Assemblée nationale congolaise. Sur place, le secrétaire permanent de l’USN, André Mbata, s’est exprimé devant les manifestants et les cadres de la plateforme. Son discours a été centré sur la nécessité de faire respecter la souveraineté du pays et de mettre fin aux violences dans la région de l’est de la RDC.

Des personnalités politiques présentes

Le rassemblement a attiré de nombreuses figures politiques, notamment André Mbata, Sylvain Mutombo, et Déo Bizibu. Les manifestants, tout au long du parcours, ont brandi des drapeaux de plusieurs partis politiques, dont l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) du Président Tshisekedi, l’AGPC (Agir pour le Congo) de Carol Agito, les Progressistes de Samy Badibanga, Le drapeau des États-Unis, en tant que médiateur de l’accord du 4 décembre entre la RDC et le Rwanda, était également visible. Cet accord, signé à Washington, visait à désamorcer la crise entre les deux pays voisins, marquée par l’ingérence du Rwanda dans le conflit congolais.

Les manifestants ont réclamé la mise en œuvre immédiate de la résolution 2773 et l’arrêt des soutiens externes aux groupes rebelles opérant dans l’est de la RDC.

Réactions politiques et critiques

La marche de l’USN n’a pas manqué de susciter des réactions dans la classe politique congolaise, notamment de la part de l’opposition. Mike Mukebayi Nkoso, un opposant et membre du parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, a vivement critiqué la démarche. Selon lui, cette manifestation illustre ce qu’il qualifie de dérive autoritaire du pouvoir en place. Il a notamment dénoncé un traitement inégal des manifestations, en soulignant que celles organisées par l’opposition sont souvent réprimées, tandis que celles soutenues par le régime bénéficient d’un encadrement policier.

Mike Mukebayi a cité l’exemple de l’opposant Jean-Marc Kabund, ancien cadre de l’UDPS, qui a été empêché de manifester le 15 décembre à Kingabwa. Selon l’opposant, la résidence de Kabund a été encerclée par les forces de sécurité pour l’empêcher de mener un rassemblement pacifique, qui visait à demander la convocation d’un dialogue politique national.

« Une marche interdite ici, une autre autorisée là-bas », a résumé Mike Mukebayi, déplorant ce qu’il appelle la « démocratie façon Félix Tshisekedi », qu’il considère comme une démocratie à deux vitesses. Il a également estimé que le Président Tshisekedi semble « insensible » à toute critique et que son régime se caractérise par une restriction ciblée des libertés publiques.

Un contexte politique tendu

Les tensions entre le pouvoir et l’opposition en RDC sont de plus en plus vives, en particulier dans un contexte où les manifestations sont souvent perçues comme un moyen d’exprimer l’insatisfaction populaire face à la gestion du pays, notamment en ce qui concerne la sécurité et les droits humains. La situation dans l’est de la RDC, marquée par l’activisme du M23 et l’implication présumée du Rwanda, continue d’être un sujet de préoccupation majeur, tant sur le plan diplomatique qu’au sein de l’opinion publique congolaise. La RDC fait face à un dilemme complexe : comment restaurer la paix et la stabilité tout en préservant sa souveraineté et en répondant aux aspirations de la population à la justice et à la démocratie.

Si l’USN dit soutenir les efforts diplomatiques pour restaurer la paix dans l’est, l’opposition dénonce de son côté les dérives du régime, notamment les restrictions aux libertés publiques et la gestion autoritaire du pouvoir. Cette marche, pourtant pacifique, relance le débat sur la liberté d’expression et la gestion des manifestations en RDC, dans un climat politique de plus en plus polarisé.

Avatar photo
Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
Facebook Linkedin
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News