RDC : l’ONU accorde une année de plus à la MONUSCO


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Soldat de la MONUSCO
Soldat de la MONUSCO en RDC

L’ONU prolonge jusqu’en décembre 2026 le mandat de la MONUSCO en RDC, chargée de stabiliser l’Est congolais face à la reprise des violences.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a tranché. Ce vendredi 19 décembre 2025, les quinze membres de l’organe exécutif de l’ONU ont voté à l’unanimité le renouvellement du mandat de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). Désormais prolongée jusqu’au 20 décembre 2026, la force onusienne se voit confier la lourde tâche de stabiliser un Est congolais en proie à une recrudescence de violence, tout en naviguant entre les exigences diplomatiques contradictoires des grandes puissances mondiales.

Une mission pivot pour le processus de paix

Porté par la France, ce nouveau mandat place la MONUSCO au cœur des mécanismes de médiation régionale et internationale. Selon l’ambassadeur français Jérôme Bonnafont, la mission devra agir en soutien direct aux efforts de paix menés par l’Union africaine, le Togo, ainsi que les initiatives de médiation du Qatar et des États-Unis. L’innovation majeure de cette résolution réside dans son approche séquentielle : la MONUSCO est désormais autorisée à surveiller activement le cessez-le-feu permanent, en étroite collaboration avec le mécanisme convenu par les parties lors des récents accords de Doha. Cette stratégie vise à transformer la force de maintien de la paix en un véritable garant technique des engagements pris par les belligérants.

Le Conseil de sécurité dénonce l’offensive de l’AFC-M23

Le débat qui a précédé le vote a été marqué par une condamnation quasi générale de l’expansion territoriale de la rébellion de l’AFC-M23 dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. La représentante des États-Unis, Jennifer Locetta, a fermement critiqué l’avancée rebelle vers la ville d’Uvira et a pointé du doigt le soutien continu du Rwanda au M23, y voyant une violation flagrante des obligations internationales.

Washington exige désormais un retrait immédiat des troupes rebelles au-delà d’une zone tampon de 75 kilomètres, conformément aux accords de Washington du 4 décembre dernier. Le groupe des pays africains au Conseil (A3 plus) a également exigé le démantèlement immédiat de toutes les administrations parallèles installées par la rébellion.

Entre neutralité et influences géopolitiques

Malgré l’unanimité du vote, les prises de parole ont révélé des tensions sous-jacentes sur la finalité de la présence onusienne. La Chine, par la voix de son ambassadeur Sun Lei, a mis en garde contre toute tentative de « personnaliser » la MONUSCO au profit d’agendas politiques nationaux, insistant sur le respect des principes d’indépendance et de neutralité.

De son côté, la Russie a appelé les parties à honorer la résolution 2773 pour mettre fin à un conflit qu’elle qualifie de « brutal ». Ces déclarations soulignent le défi diplomatique constant pour la MONUSCO : agir efficacement sur le terrain tout en conservant la confiance de tous les États membres du Conseil, alors que la situation sécuritaire reste d’une urgence absolue pour les millions de civils congolais.

Un rendez-vous fixé dans quelques mois

Le Conseil de sécurité ne se contentera pas de cette prolongation annuelle. Une clause de réévaluation a été intégrée, permettant aux membres de se prononcer à nouveau sur les modalités de l’engagement onusien dans quelques mois. Cette décision se basera sur les rapports du Secrétaire général de l’ONU et, surtout, sur l’évolution concrète de la situation militaire sur le terrain.

Alors que le processus de retrait définitif de la mission était entamé, la gravité de l’heure semble avoir imposé un pragmatisme forcé à la communauté internationale, faisant de 2026 une année test pour la pérennité de l’intégrité territoriale de la RDC.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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