
Au cœur du Lualaba, une nouvelle tragédie met en exergue la précarité extrême qui entoure l’exploitation artisanale des minerais. Samedi 15 novembre 2025, un mouvement de panique sur un site minier de Mulondo a déclenché un effondrement meurtrier, révélant une fois encore l’absence criante de sécurité sur ces concessions disputées.
Un drame d’une ampleur exceptionnelle a endeuillé la province du Lualaba, dans le sud de la République Démocratique du Congo, le samedi 15 novembre 2025. Sur le site minier de Kalando, à Mulondo, un pont de fortune s’est effondré alors que des centaines de creuseurs artisanaux tentaient de fuir après des tirs attribués aux militaires chargés de sécuriser la concession. La catastrophe a provoqué la mort d’au moins quarante personnes, selon des sources locales citées par plusieurs médias nationaux et internationaux.
Les proches des victimes, encore sous le choc, parlent d’une scène de chaos absolu, marquée par des chutes en série, des cris de panique et l’impossibilité d’échapper à la tranchée d’évacuation des eaux située sous le pont. Beaucoup ont été piégés sous les débris, sans possibilité de secours immédiat.
Un bilan lourd et des familles plongées dans l’incertitude
D’après les informations recueillies auprès de responsables administratifs, trente-quatre corps ont été transportés vers une morgue voisine, tandis qu’une dizaine d’autres dépouilles ont été directement récupérées par les familles. Des blessés ont également été recensés, dont deux auraient été touchés par balle. Dimanche soir, aucun bilan officiel n’avait encore été communiqué, laissant planer le doute sur le nombre réel de victimes. Les recherches se poursuivaient encore sur la zone, les autorités locales tentant de retrouver d’éventuelles personnes coincées sous les décombres ou emportées dans la tranchée.
Les conditions d’intervention restent difficiles en raison de la configuration du terrain et de l’absence d’infrastructures adaptées. Les circonstances du drame renvoient à une situation de tension permanente autour des concessions minières. Les creuseurs clandestins, nombreux dans la région en raison de la valeur du cobalt et du cuivre, auraient pris la fuite lorsqu’ils ont entendu des coups de feu. Dans la précipitation, la foule s’est ruée vers un passage improvisé permettant de franchir une profonde tranchée, un pont fragile composé de planches vieillissantes.
Une tragédie qui rappelle d’autres catastrophes minières en RDC
Incapable de supporter le poids de la foule, la structure s’est rompue, emportant des dizaines de personnes dans une chute mortelle. D’autres ont été blessées par les effondrements successifs, aggravés par l’absence de toute mesure de sécurité. Le site de Mulondo n’est pas étranger aux tensions entre exploitants artisanaux, coopératives locales et entreprises privées, parfois étrangères. Depuis plusieurs années, les conflits autour de l’accès aux zones riches en minerais provoquent des confrontations régulières avec les forces de sécurité, souvent accusées d’intimidation ou de violences excessives.
Ce drame s’inscrit dans une longue série d’accidents miniers meurtriers en République Démocratique du Congo. En 2019, un glissement de terrain à Kolwezi avait déjà causé la mort de plus de quarante mineurs. Dans le Kasaï, l’effondrement d’une mine artisanale de diamants près de Tshikapa avait également fait plusieurs victimes en 2022, sans qu’aucune réforme structurelle ne voie le jour. Ces catastrophes ne se limitent pas à la RDC. En Zambie, dans la région de la Copperbelt, plusieurs effondrements ont coûté la vie à une dizaine de mineurs en 2024.
Effondrements réguliers de galeries d’orpaillage
Au Ghana, au Burkina Faso ou au Nigeria, des effondrements de galeries d’orpaillage surviennent régulièrement, conséquence directe du manque de sécurité, de l’exploitation illégale et de la pression économique qui pousse les travailleurs à prendre des risques extrêmes. Partout sur le continent, le même schéma se répète : des centaines de milliers de personnes dépendent de l’exploitation artisanale, mais travaillent dans des conditions extrêmement dangereuses, sans supervision technique ni infrastructures. Face à l’ampleur du drame de Mulondo, les organisations de défense des droits humains réclament une enquête indépendante.
Elles appellent à clarifier l’usage des armes à feu par les militaires, à déterminer les responsabilités dans l’effondrement du pont et à reconsidérer la manière dont les sites artisanaux sont sécurisés et régulés. Alors que le pays dépend largement de ses ressources minérales, l’absence de mesures de sécurité, de formation des creuseurs et de régulation stricte expose chaque jour des milliers de personnes à des risques mortels. La catastrophe de Kalando restera l’une des plus meurtrières de l’année 2025.





