RDC : le programme du départ de la MONUSCO dévoilé


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Des Casques bleus en Afrique
Des Casques bleus en Afrique

Longtemps réclamé par les populations et même les autorités congolaises, le départ de la MONUSCO est désormais entré dans sa phase active. Au cours d’une conférence de presse qu’ils ont conjointement animée, ce samedi, la cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, et le Vice-premier ministre congolais en charge des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, ont donné les détails sur le départ de la force onusienne.

Le plan de départ de la MONUSCO de la RDC après un quart de siècle de présence n’a plus de secret ni pour les Congolais ni pour la communauté internationale. En effet, à l’occasion d’une conférence de presse conjointe, le chef de la diplomatie congolaise et la responsable de la MONUSCO ont livré, ce samedi, les détails sur le plan de départ cosigné le 21 novembre 2023 par les deux parties.

Un départ en trois phases…

Le Sud-Kivu est la première province concernée par le départ des forces onusiennes. Au plus tard, à la fin du mois d’avril 2024, les contingents militaires et policiers doivent avoir totalement libéré cette province de l’Est de la RDC et cédé leurs bases au gouvernement congolais. Après une évaluation concluante de cette phase seulement pourra être engagée la deuxième phase qui concernera le retrait du Nord-Kivu. Là aussi, une évaluation du désengagement de la MONUSCO devra se faire avant le début de la troisième phase qui consistera à laisser la province de l’Ituri aux mains du gouvernement de la RDC.

Dans les faits, le départ a effectivement commencé depuis quelques semaines. En effet, le 26 décembre 2023, la MONUSCO a fermé sa base de Lubero, un territoire situé dans la province du Nord-Kivu. Dans ce mois de janvier, c’est la localité de Kamanyola au Sud-Kivu qui a vu le départ des Casques bleus. Au total, à la fin de l’année 2024, la MONUSCO doit avoir achevé son retrait total de la RDC. C’est pour effectuer dans les bonnes conditions ce retrait que le Conseil de sécurité a renouvelé, le 19 décembre 2023, le mandat de la force avec pour axe principal le démarrage du désengagement de la mission.

… et avant tout, consensuel

Dans les faits, ce départ de la MONUSCO se passe dans les meilleures conditions de collaboration entre les responsables onusiens et gouvernementaux de la RDC. En effet, les deux parties ont travaillé en bonne intelligence pour élaborer le plan de départ. En témoignent ces propos de Christophe Lutundula : « Nos équipes ont travaillé en synergie, dans un esprit constructif et avec beaucoup de sens de responsabilité. Elles ont produit un plan de désengagement pour un retrait progressif, responsable, honorable et exemplaire de la MONUSCO et fixé les modalités de transfert progressif des tâches de la MONUSCO au Gouvernement congolais ».

Le ministre congolais des Affaires étrangères poursuit en ces termes : « Le Conseil de sécurité a endossé ce plan et nous allons mettre en œuvre ensemble cette stratégie de désengagement pour matérialiser la vision du chef de l’État de faire du retrait de la MONUSCO un modèle de transition d’une opération de paix des Nations unies ». Et Bintou Keita de renchérir : « Pour la première fois, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte un mandat qui demande à la MONUSCO d’entamer son retrait de la RDC. C’est un moment historique. Nous ne ménagerons aucun effort avec nos partenaires congolais afin de mener à bien ce processus. Je salue la volonté des autorités congolaises de faire du désengagement de la MONUSCO un modèle de transition réussie d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies ».

Bintou Keita a également tenu à préciser que le désengagement de la MONUSCO n’est pas synonyme de désengagement des Nations Unies qui sont présentes avant, pendant et après l’existence d’une mission de maintien de la paix.

Les FARDC désormais responsables de la sécurité dans les zones de départ de la MONUSCO

Le départ des Casques bleus appelle plus de responsabilités de la part des autorités congolaises à qui reviendra naturellement le devoir d’assurer la sécurité des zones d’où partiront les forces onusiennes. Et cette nouvelle expérience devra commencer dans le Sud-Kivu, à partir du 1er mai. Le gouvernement congolais est bien conscient de cette nouvelle donne qu’il a d’ailleurs toujours souhaitée.

La preuve en est que le conseil des ministres de vendredi s’est penché sur la question. « Le gouvernement doit maintenant se focaliser sur les actions prioritaires à réaliser au regard des défis à réaliser en vue du transfert des tâches de la MONUSCO aux institutions nationales », a précisé, dans son compte rendu, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, qui rapportait les propos de son homologue en charge des Affaires étrangères. Le gouvernement a retenu comme actions à mener très rapidement : le renforcement des effectifs de l’armée et de la police, la prise en charge du mécanisme de la protection des civiles et de la gestion des conflits communautaires, la poursuite des processus politiques dans lesquels le pays s’est engagé.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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