Range ton chanvre !


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Depuis le début du mois de mai, un jeune inventeur de Cape Town met l’Afrique du Sud en pétard. André du Plessis, jeune inventeur sud-africain, plaide pour l’utilisation du cannabis comme matériau de construction. Cela permettrait selon lui de répondre à la crise du logement en construisant des maisons plus solides et moins chères dans les bidonvilles. L’idée n’a pas séduit le gouvernement. Pour le moment.

Depuis le début du mois de mai, un jeune inventeur de Cape Town met l’Afrique du Sud en pétard. Il a lancé une pétition afin de récolter le soutien de la population pour son projet : construire des maisons en cannabis. Pour cela, André du Plessis se dépense sans compter. Il explique son business plan à qui veut bien l’entendre. Il a organisé une manifestation à Cape Town le 3 mai dernier et fait parler de lui dans les médias locaux. Il se fend régulièrement de courriers à divers ministères : Justice, Agriculture, Santé, Commerce et Industrie.

Il tente depuis des années de travailler en partenariat avec le Conseil pour la recherche en agriculture sud-africain qui possède l’autorisation de cultiver du cannabis.  » Pour l’instant, ils ne m’ont fourni qu’1 kg de cannabis « , déplore-t-il dans les colonnes du journal The Star. Résultat : son prototype ne fait que 50 cm. Dans l’idéal, André propose de construire des maisons avec un ciment obtenu par un mélange de cannabis, de chaux et de sable. Celui-ci serait six fois plus solide et six fois moins cher qu’un ciment normal.

3 tonnes de cannabis

Pour une habitation de 82 m2, il faudrait compter 3 tonnes de cannabis et un investissement de 15 000 rands (2 000 dollars US). Cette dernière serait beaucoup plus spacieuse et coûterait moins cher que les RDP Houses, ces maisons construites sous l’impulsion du Programme national de Reconstruction et de Développement. Un projet lancé en 1994 par le gouvernement pour faire face à la crise du logement et qui a privilégié la quantité au dépit de la qualité. A tel point que plusieurs blagues circulent dans les bidonvilles du Cap ou de Johannesburg, comme :  » Les maisons RDP sont si petites que quand tu t’allonges pour dormir, tes pieds touchent la porte « …

 » Tout ce que j’essaie de faire, c’est de construire des maisons à un prix abordable pour ceux qui vivent dans les bidonvilles « , plaide André. Et malgré le fait qu’en 1999, plus de 2 millions de familles, soit quelque 12 millions de personnes, avaient encore besoin d’un toit décent pour vivre, le gouvernement sud-africain ne semble pas vraiment intéressé par son idée. Qui n’est pourtant pas si farfelue.

Ma maison en Isochanvre

Aux Etats-Unis et en Europe, l’utilisation du chanvre dans la construction se développe depuis quelques années. Ainsi, en France, l’Isochanvre est obtenu par un procédé de minéralisation de la fibre du chanvre en ciment de longue durée. Lié avec la chaux naturelle ou le sable, il convient parfaitement aux dallages et aux murs.

Selon le site suisse Chanvre-info,  » ce produit apporte une économie d’énergie, un confort acoustique et une construction saine qui  » respire « . Il est ininflammable, naturellement fongicide et n’est pas comestible pour les rongeurs et les insectes. Il vieillit bien tout en gardant ses précieuses propriétés. Ce matériau à demi végétal et à demi minéral associe les avantages du bois et du ciment sans aucun de leurs inconvénients respectifs.  » Le chanvre serait en outre un puissant régulateur thermique, conservant la chaleur en hiver et gardant les maisons fraîches l’été.

Créer des emplois

Dans sa pétition, André du Plessis affirme qu’utiliser le cannabis dans le bâtiment pourrait en partie résoudre la pauvreté en zone rurale : la culture de la marijuana entraînerait la création d’emplois.  » Cela pourrait être considéré comme une option économique tournée vers le développement durable, spécialement dans les provinces de l’Eastern Cape et du Western Cape où cette culture est déjà utilisée comme une source de revenus.  » En effet, l’Eastern Cape cultive du chanvre pour exploiter ses fibres et son huile.

André appelle donc les autorités sud-africaines à participer à un forum pour développer une politique  » plus en adéquation avec les orientations internationales en matière de cannabis « . Afin que son projet ne parte pas en fumée.

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