Qui met des bâtons dans les roues de Fadela Amara ?


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La secrétaire d’Etat à la politique de la ville, Fadela Amara, a accusé dimanche certains hauts fonctionnaires de « freiner » la mise en place de son plan Espoir Banlieues. Elle a regretté de ne pas avoir les effectifs humains nécessaires et a admis avoir pris du retard sur la signature des contrats d’autonomie.

Invitée de l’émission « Dimanche soir politique » sur France Inter et I>Télé, Fadela Amara, la secrétaire d’Etat à la Politique de la ville, s’est expliquée, dimanche, sur les retards que connaissait son plan Espoir Banlieues. Elle a déploré que l’intégralité des délégués de préfet, prévus pour servir d’interlocuteurs à la population et régler concrètement les problèmes locaux, n’ait pas été déployée sur le terrain. « A l’heure où je vous parle, il n’y en a même pas une quinzaine en fonction », au lieu de 350, a-t-elle déclaré avant d’ajouter : « c’est scandaleux »

Elle a par ailleurs avoué avoir pris du « retard » dans la signature des contrats d’autonomie. « On en a à peu près signé 2 000 (au lieu des 4 500 prévus). Nous avons pris du retard sur les appels d’offre, les cahiers des charges, les mesures juridiques. Nous avons perdu deux mois », a-t-elle indiqué. Elle espère que 20 000 contrats seront signés en 2009 au lieu de 18 000. Ces contrats, proposés par des entreprises privées, prévoient un soutien personnalisé et renforcé aux jeunes de moins de 26 ans qui cherchent un emploi ainsi qu’une bourse de 300 euros pendant 6 mois.

«Une élite qui ne souhaite pas voir émerger les enfants d’ouvriers »

Pourtant, s’est-elle défendue, «ce n’est pas faute d’avoir tapé du poing sur la table » auprès du président Sarkozy. «Vous avez dans ce pays une élite qui ne souhaite pas voir émerger les enfants d’ouvriers», a-t-elle déclaré. Elle est allé jusqu’à accuser certains hauts fonctionnaires de « freiner » la mise en place de son plan Espoir Banlieues.

Le président français, qui présentait mercredi dernier son plan pour la diversité et l’égalité des chances, avait tenu un discours quasiment similaire. « Dans le dos des plus hautes autorités de l’Etat, on s’ingénie à réduire les ambitions qui ont été fixées ». Il avait alors proposé d’allouer une petite partie du plan de relance de l’économie au plan Espoir Banlieues, notamment pour « la construction d’internats d’excellence » pour les bons élèves de milieux modestes. La ministre a pourtant déclaré dimanche : « je ne veux pas des chèques pour les banlieues. Il faut tout changer dans le fond (…) Cela fait trente ans qu’on a abandonné les quartiers populaires ».

Elle s’est dit déterminée à mener à bien son plan pour les quartiers défavorisés, quel qu’en soit le prix politique. « Je veux qu’on mette tout sur la table et s’il faut que je joue ma peau à chaque fois, je jouerai ma peau à chaque fois ». Evoquant sa collègue Rama Yade, elle aussi « issue de la diversité », selon la formule désormais consacrée, Fadela Amara a estimé qu’elle avait « eu tort » de refuser de se présenter aux élections européennes. « Si on m’avait donné cette chance, j’aurais été avec joie », a-t-elle déclaré, fidèle jusqu’au bout à Nicolas Sarkozy.

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