Quand l’Occident favorise l’immigration clandestine


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Migrants en mer
Immigration clandestine en Méditerranée

Les sanctions, notamment financières, contre le Niger s’accumulent. Après la France, les États-Unis viennent de couper une aide plus que capitale à ce pays d’Afrique de l’Ouest. Pour quels résultats ?

C’est finalement devenu un leitmotiv. Une forme de religion que l’Occident pratique. La suspension de l’aide au développement ou d’autres financements destinés à soulager les populations. Mesure prise, dit-on, pour sanctionner les auteurs de coup d’État. Après le Mali, le Burkina Faso, pays dirigés par des putschistes, c’est au tour du Niger de se voir privé de fonds. Des mesures restrictives visant à punir les juntes qui prennent le pouvoir par la force.

Après Paris, Washington coupe le biberon

Fin juillet dernier, au lendemain du coup d’État au Niger, Paris avait haussé le ton. En plus de dénoncer et de condamner le putsch, avec la dernière énergie, la France avait annoncé de fortes mesures. A travers son ministère des Affaires étrangères, Emmanuel Macron avait annoncé la suspension de «toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire» au Niger. Un coup de massue sur les finances de ce pays pauvre.

Alors que la junte au pouvoir jongle avec le peu de moyens financiers, allant jusqu’à réduire, de façon drastique, son budget, voilà que Washington corse la situation. En effet, considérant la situation au Niger comme un putsch, les États-Unis ont décidé de la suppression de près de 500 millions de dollars d’aide économique. Mesure qu’a justifiée Washington dans un communiqué.

Quelles incidences sur le Niger ?

«Nous prenons cette mesure parce qu’au cours des deux derniers mois, nous avons épuisé toutes les voies disponibles pour préserver l’ordre constitutionnel au Niger», écrit la Maison Blanche. Pourtant, comme le rappelle mon collègue Khaled Elraz, l’aide occidentale représente une part importante des ressources du Niger. Rien que l’aide publique au développement représentait 10,7% du PIB du Niger, en 2022. Soit environ 1,5 milliard de dollars.

Des fonds principalement destinés au développement des infrastructures, de l’éducation et de la santé. Quelle peut être, dans ces conditions, l’incidence de la suspension de ces aides sur le pays ? La fin de l’aide occidentale «aura un impact négatif sur la croissance économique du pays et l’emploi. Mais aussi et surtout sur les conditions de vie de la population et le développement. Mais plus qu’économique, la fin de l’aide occidentale aurait surtout des conséquences sociales», poursuit notre analyste du jour.

Poussés vers l’immigration clandestine

«L’aide est essentielle pour répondre aux besoins humanitaires du pays…». Et «permettait de fournir une assistance aux populations les plus vulnérables, notamment les enfants, les femmes et les personnes déplacées». Sauf que l’Occident oublie que ces aides coupées ne feront qu’accentuer l’immigration clandestine. Un fléau que l’Occident tente pourtant de combattre, en vain. Car, rien qu’à partir du Sénégal, pays caricaturé comme stable, ce sont des centaines, voire des milliers de départs clandestins vers l’Occident, chaque semaine.

Comment vouloir retenir des jeunes dans leurs pays respectifs alors que les conditions ne sont pas réunies ? Surtout que du fait de sanctions occidentales, ces conditions de survies déjà précaires, se détériorent davantage. Force est de constater qu’en prenant de telles mesures, l’Occident ne fait que scier la branche sur laquelle il est assis. Car, plus les populations sont fatiguées, plus elles vont chercher à trouver de meilleures conditions de survie. Et actuellement, en Afrique, la recherche de l’Eldorado pousse les jeunes à migrer vers l’Occident.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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