Quand célébrer l’Aïd al-Adha peut mener à la case prison avec 15 mille euros d’amende !


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Des moutons
Des moutons (illustration)

À l’approche de l’Aïd al-Adha 2025, les préfectures du Nord et du Pas-de-Calais en France renforcent leur vigilance quant au respect strict des règles régissant l’abattage des ovins. Ce rappel à l’ordre vise à garantir à la fois la protection animale, la salubrité de la viande, la sécurité sanitaire des consommateurs et la préservation de l’environnement. Le non-respect de ces exigences peut entraîner de lourdes sanctions. D’où des risques considérables encourus en cas d’abattage en dehors des abattoirs agréés.

Un encadrement strict en France pour éviter les dérives

En France, l’abattage rituel pour l’Aïd al-Adha doit se faire exclusivement dans des abattoirs agréés, comme ceux de Douai et de Bailleul dans les départements concernés. Aucune installation temporaire ne sera mise en place en 2025, ce qui limite encore davantage les possibilités d’abattage pour les fidèles. Cette mesure est motivée par la volonté de protéger la santé publique, éviter les souffrances inutiles aux animaux, et prévenir les pollutions environnementales souvent liées aux abattages clandestins.

Les autorités rappellent que tout contrevenant à cette règle risque jusqu’à 6 mois de prison et 15 000 euros d’amende, en plus de la saisie éventuelle des animaux. En parallèle, les contrôles seront renforcés jusqu’au 11 juin, avec des vérifications ciblées sur le transport des animaux vivants, leur identification, la conformité des lieux d’abattage, ainsi que la traçabilité des viandes proposées à la vente. La saisie immédiate des animaux transportés ou abattus illégalement est également prévue.

Risques sanitaires aggravés par le contexte international

La mise en garde des préfectures s’inscrit également dans un contexte sanitaire préoccupant. La fièvre aphteuse, maladie animale hautement contagieuse, a été détectée récemment en Allemagne et en Hongrie. Dans ce contexte, l’importation de moutons ou de viandes en provenance de pays à risque comme le Maroc ou la Roumanie est strictement interdite. Un non-respect de cette interdiction pourrait avoir des conséquences sanitaires graves et favoriser la propagation de maladies dans le cheptel français.

Ce risque sanitaire vient s’ajouter à ceux liés à l’abattage non encadré : prolifération de bactéries, contamination croisée, mauvaises pratiques d’hygiène, ou encore traitement inadéquat des déchets. Sur le plan économique, l’approche de l’Aïd al-Adha influence fortement les marchés ovins. Le prix de l’agneau en France a déjà commencé à grimper, atteignant 11,04 €/kg de carcasse, en hausse par rapport à 2024.

Filière française sous tension, situation tendue au Maroc

Malgré les pertes enregistrées dans le cheptel français à cause de la fièvre catarrhale ovine (FCO), la filière semble s’être réorganisée pour maintenir l’offre. Les abattages ont connu un pic début avril, témoignant d’une mobilisation des professionnels pour répondre à la demande. La France complète également son approvisionnement par des importations espagnoles, en forte hausse (jusqu’à 50% de plus qu’en 2024), particulièrement après l’annulation de la fête du sacrifice au Maroc, qui a libéré des volumes significatifs de viande sur le marché européen.

Au Maroc, la situation est plus critique. Le roi Mohammed VI a annoncé l’annulation de la célébration de l’Aïd al-Adha 2025, une décision inédite prise en réponse à la sécheresse extrême qui sévit depuis six ans et qui a réduit de 38 % le cheptel national. Cette mesure, bien que sanitaire et sociale, provoque une onde de choc économique, tant pour les éleveurs marocains que pour les exportateurs étrangers, notamment espagnols.

Aïd al-Adha, une demande ponctuelle mais massive

Avant cette annonce, les prix des moutons pour le sacrifice atteignaient déjà des sommets : jusqu’à 120 dirhams le kilogramme pour les moutons de race Sardi, soit des prix dépassant souvent 3 500 à 7 000 dirhams par tête. La hausse des coûts de l’alimentation animale, liée à la rareté des précipitations, a fortement contribué à cette flambée des prix. L’annulation de la fête a permis de limiter la pression économique sur les ménages marocains, mais elle a aussi fermé un marché important pour l’élevage espagnol, qui comptait vendre environ 490 000 moutons au Maroc. En Espagne, cette décision royale a été perçue comme un coup dur pour les éleveurs.

Beaucoup espèrent que Mohammed VI reviendra sur sa décision, car la perte du marché marocain met en péril la survie d’une partie du secteur. Si l’annulation est maintenue, des aides gouvernementales ou des subventions pourraient être nécessaires pour soutenir les producteurs espagnols. Sur le plan européen, la redistribution des excédents espagnols vers d’autres marchés, dont la France, pourrait entraîner une pression à la baisse sur les prix ou créer des tensions sur l’offre et la logistique, notamment dans le cadre de l’Aïd al-Adha, où la demande est ponctuelle mais massive.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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