La problématique de l’enseignement supérieur au Maroc


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Salle de classe au Maroc
Une salle de classe au Maroc

Tout pays se fait bâtir par le travail de ses citoyens, mais beaucoup de pays sont menacés d’effondrement faute de qualité de ce travail. Il est aussi évident que l’enseignement supérieur d’un pays est le facteur principal duquel dépend la qualité du travail des citoyens. Par ailleurs, tous les pays réputés développés doivent leur prospérité à des systèmes éducatifs performants et bien gérés qui apprennent convenablement au citoyen la bonne manière de travailler et qui mutent en tirant profit des incessantes avancées technologiques et techniques.

Le Maroc a pu se classer au 16ème rang des pays émergents les plus attractifs pour les investissements selon le rapport Foreign Direct Investment Confidence Index 2023 (FDICI). Cependant, pour gagner la confiance de plus d’investisseurs étrangers et dépasser des pays comme la Malaisie, le Maroc doit se doter d’une main d’œuvre qualifiée et très bien formée, grâce à un enseignement supérieur plus performant.

Le peuple marocain remarque évidemment que la majorité des ministres des gouvernements qui se succèdent au Maroc ont décroché leurs diplômes d’études supérieures à l’étranger. Chaque citoyen marocain pense alors qu’il est contraint de payer cher pour enseigner son enfant à l’étranger s’il rêve de voir un jour son enfant occuper le poste de ministre ou de fonctionnaire de l’Etat d’un tel grade au Maroc.

Le vrai problème, aujourd’hui, c’est que ce genre de postes n’est souvent réservé qu’à la crème de la crème de la hiérarchie sociale au Maroc. Le pays continue alors de souffrir d’une hémorragie de fuite des cerveaux et ce phénomène ne cesse pas de s’accentuer car, une fois à l’étranger, le jeune marocain se rend compte qu’il est plus vraisemblable de devenir ministre dans le pays d’accueil qu’au Maroc. L’objectivité et les droits des jeunes étudiants à l’étranger poussent le jeune marocain à changer d’allégeance et à se joindre à un nouveau peuple pour commencer à bâtir un pays d’accueil déjà plus développé que le Maroc.

Inspection sérieuse des professeurs du supérieur

Les systèmes éducatifs de qualité doivent leurs performances aux bons contenus instruits et à la sélectivité objective et juste des étudiants par leurs professeurs, selon les qualités et les performances. Malheureusement, les étudiants au Maroc font parfois face à des supports de cours totalement faux et à des systèmes de notation injustes ce qui les poussent parfois même à arrêter précocement leurs études supérieures. Cela est dû évidemment à l’absence d’une vraie inspection par le ministère de tutelle qui préfère donner la priorité à l’augmentation des salaires des professeurs sans même les obliger à passer par une inspection efficace et régulière.

Une inspection sérieuse des professeurs de l’enseignement supérieur au Maroc servira à protéger les droits des étudiants innocents et à éviter de nuire à la réputation du Maroc avec des problèmes similaires au scandale sexuel à l’université Hassan 1er ou aux résultats suspects du récent concours des avocats.

Les accords de collaboration et de jumelage avec les grandes universités européennes et américaines pourraient aussi être une solution pour les facultés marocaines qui veulent remédier aux problèmes du contenu et de l’organisation des études. Cependant, l’échec de l’introduction du système de Bachelor au Maroc remet en doute la possibilité de correction du système éducatif du pays. C’était un projet du ministère de l’Eenseignement supérieur qui allait mobiliser de grands capitaux afin d’adapter le système d’études au Maroc à celui des grandes universités anglophones. Le maintien du cahier des normes pédagogiques actuel a néanmoins imposé la suppression de ce projet qui allait faciliter les investissements des grandes universités mondiales souhaitant ouvrir des branches de leurs facultés au Maroc.

Mobilisation de grandes ressources

Le ministère de l’Enseignement supérieur est invité à mobiliser de grandes ressources pour arrêter le phénomène des étudiants en surnombre dans les établissements d’études supérieures en ouvrant de nouvelles facultés et de nouvelles branches dans toutes les régions marocaines en question. Le ministère de tutelle doit aussi combattre plus sérieusement le plagiat dans la recherche scientifique marocaine, allouer plus de capitaux pour les laboratoires de recherche scientifique des universités marocaines et encourager les grandes entreprises à sponsoriser et investir dans ces laboratoires qui peuvent être très rentables par leurs brevets d’invention.

Les critiques et les idées concernant le système éducatif marocain sont nombreuses, mais est-ce que le ministère de l’Enseignement supérieur marocain est capable d’exercer une autorité complète de bonne foi sur les établissements d’études supérieures au Maroc ? Si cela est impossible, alors le Maroc perdra encore plus de bâtisseurs de demain au profit des pays qui osent corriger leurs systèmes éducatifs.

Par Akram Louiz: Auteur, poète, Lieutenant de première classe de la marine marchande

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