
Presley Chweneyagae, l’inoubliable interprète de Tsotsi, s’est éteint à l’âge de 40 ans, laissant orphelin un pan entier du cinéma sud-africain. Révélé par un film oscarisé qui l’a propulsé sur la scène mondiale, il aura consacré sa carrière à l’art engagé, à la transmission, et aux voix oubliées des townships. Sa disparition résonne comme un deuil national.
Le cinéma sud-africain perd une de ses voix les plus marquantes. Presley Chweneyagae, immortalisé dans le rôle poignant de Tsotsi, est décédé à l’âge de 40 ans. Révélé au monde en 2005 grâce à un film devenu culte, il laisse derrière lui une empreinte profonde sur les écrans et dans les cœurs. Retour sur le parcours d’un acteur talentueux, reflet d’une génération et d’un pays en quête d’humanité.
Un rôle culte, un film historique
En incarnant un jeune voyou de Johannesburg confronté à sa conscience après avoir enlevé une voiture avec un bébé à l’intérieur, Presley Chweneyagae a bouleversé les spectateurs du monde entier. Tsotsi, tourné dans les rues de Soweto, a offert à l’Afrique du Sud son tout premier Oscar du meilleur film étranger en 2006. À seulement 19 ans, l’acteur est propulsé sous les projecteurs internationaux, devenant malgré lui le symbole d’un cinéma enraciné dans les réalités sociales du pays.
Originaire de Soweto, Presley n’avait rien d’un enfant de la bourgeoisie. Sa mère, soucieuse de l’éloigner des mauvaises fréquentations, l’inscrit très tôt à des cours de théâtre. Un choix salvateur. C’est dans les théâtres de quartiers pauvres, où il joue Shakespeare comme des pièces contemporaines, que naît sa vocation. Tsotsi n’était pas qu’un rôle : c’était son reflet. Il comprenait les silences du personnage, les non-dits d’un jeune homme blessé, comme ceux qui grandissent avec la violence en toile de fond.
Un parcours discret mais engagé
Après Tsotsi, la carrière de Chweneyagae n’a pas suivi la voie des blockbusters. Tandis que Gavin Hood, le réalisateur du film, s’illustrait à Hollywood, Presley préférait les planches sud-africaines et les productions locales. Il signe également des pièces avec Paul Grootboom, dont Relativity, saluée à l’étranger. Mais au-delà de la scène, il se consacre à la formation de jeunes artistes, déterminé à transmettre son expérience. Un engagement salué comme fondamental pour l’avenir de la culture sud-africaine.
Le décès de Presley Chweneyagae a déclenché une onde de choc. Son agence, MLA, a confirmé la nouvelle sans préciser les circonstances du décès. Les hommages affluent : le gouvernement sud-africain évoque « un conteur de talent », tandis que le SAFTA le qualifie de « légende du cinéma sud-africain ». Fikile Mbalula, figure de l’ANC, salue un artiste dont l’héritage, entre Tsotsi, The River et bien d’autres œuvres, perdurera.