Présidentielle en Tunisie : Mustapha Kamel Nabli, le candidat pro-Ben Ali ?


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Mustapha Kamel Nabli
Mustapha Kamel Nabli

L’ex-gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Mustapha Kamel Nabli, est candidat à l’élection présidentielle du 23 novembre.

L’ex-gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Mustapha Kamel Nabli, a annoncé son intention de se présenter à l’élection présidentielle tunisienne, dont le premier tour a été fixé au 23 novembre prochain. Nabli présente sa candidature en tant que personnalité indépendante.

Mais ce dernier est soutenu par le Front National du Salut et une équipe s’est constituée pour soutenir sa candidature et récolter les 10 000 signatures de parrainage. Une première réunion du comité de soutien de Nabli a d’ores et déjà eu lieu le 1er septembre dans un hôtel de la capitale. Des hommes d’affaires, des représentants de mouvances politiques, notamment d’El Massar et de l’UPT, et des dissidents du parti Al Jomhouri, à l’image de Slaheddine Zahaf, y ont participé.

De professeur à ministre

Né le 10 février 1948 à Téboulba, Mustapha Kamel Nabli est un économiste. Maître assistant, puis professeur agrégé en économie à partir de 1980, il a assumé plusieurs responsabilités au sein de l’université tunisienne. Auteur de plusieurs ouvrages et articles scientifiques, Nabli a été nommé expert auprès de plusieurs institutions, notamment au sein de la Communauté économique européenne et la Ligue arabe et a dirigé la section Moyen-Orient & Afrique du Nord à la Banque mondiale. Alors qu’il préside la Bourse de Tunis, de 1988 à 1990, Nabli se voit proposer le poste de ministre du Plan et du Développement régional en 1990 (jusqu’en 1995).

Après la fuite de Zine el-Abidine Ben Ali vers l’Arabie Saoudite, Mohamed Ghannouchi, alors Premier ministre, rappelle Mustapha Kamel Nabli afin qu’il dirige la BCT. Mais son franc-parler aura eu raison de lui. Il s’est retrouvé au centre de tractations politiques entre le chef de Gouvernement de l’époque, Hamadi Jebali, et le président de la République, Moncef Marzouki. Ce dernier n’avait pas apprécié que l’extradition de Mahmoudi Baghdadi aux autorités libyennes se fasse à son insu. Afin d’affirmer son autorité, Marzouki avait alors limogé Nabli en juin 2012. La même année, Nabli reçoit le prix de « Meilleur Gouverneur de Banque Centrale d’Afrique ».

Nabli, toujours proche des Ben Ali ?

Certains médias, comme L’économiste Maghrébin, voit en Nabli le candidat idéal pour gouverner la Tunisie à l’issu des prochaines élections. Ce n’est en revanche pas le cas du site d’information Nawaat.org qui, en 2013, dressait le portrait d’un homme qui « a continué à faire la promotion des privatisations en Tunisie, ce qui a abouti à ce que des entreprises nationales comme Tunisie Telecom ou Ennakl ont été bradées dans des circonstances opaques, à de très bas prix, pour enfin atterrir dans les mains de Sakhr Matri ou, pire encore, comme propriété du fils de Ben Ali, alors âgé de quelques mois ! »

Nawaat met en relief la proximité de Nabli avec l’ancien régime et l’accuse d’avoir profité de son statut, à l’époque, de directeur de la BCT pour permettre la fuite des capitaux de l’ancien dirigeant Ben Ali. L’analyse de letaief Leaks publiée par Nawaat donne des indications intéressantes. Nabli et Kamel Letaif, le cousin de Ben Ali, connu pour sa mauvaise réputation dans le milieu des affaires, « ont échangé un total de 645 appels en 18 mois, soit une moyenne de 2 à 4 appels par jour avec des pics très important à partir du 14 janvier pendant 3 mois et juste après les élections du 23 Octobre 2011 ». Nabli demandait-il quotidiennement des nouvelles des Ben Ali ou préparait-il des transactions financières tel qu’en en est persuadé Nawaat ?

Moncef Sleimi, membre du syndicat de la BCT, avait en tout cas dénoncé des recrutements suspects de cadres du RCD par Nabli. Selon lui, ils auraient été positionnés afin de servir les intérêts de tierces personnes.

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