
En Tanzanie, la Commission électorale a validé la candidature de Luhaga Mpina, figure de l’opposition ACT-Wazalendo, après un arrêt décisif de la Haute Cour. Ce revirement replace son parti comme principal rival de la présidente sortante Samia Suluhu Hassan. L’entrée en lice de Mpina redonne de l’enjeu à la présidentielle du 29 octobre. Mais les divisions de l’opposition et l’emprise du CCM laissent planer de lourdes incertitudes.
À cinq semaines de l’élection présidentielle en Tanzanie, la scène politique connaît un nouveau rebondissement. La Commission électorale nationale a validé, samedi 13 septembre, la candidature de Luhaga Mpina, haut responsable du parti d’opposition ACT-Wazalendo. Cette décision, rendue possible par un arrêt de la Haute Cour annulant sa précédente exclusion, repositionne l’ACT-Wazalendo comme principal challenger de la présidente sortante, Samia Suluhu Hassan.
La justice, arbitre décisif du processus électoral
La candidature de Mpina avait été rejetée par la Commission électorale, sur fond d’accusations d’irrégularités internes au sein de son parti. Mais la Haute Cour a annulé cette décision, rappelant que la Constitution garantit l’existence des partis politiques. Pour de nombreux observateurs, ce retournement illustre la capacité de la justice tanzanienne à jouer, malgré les critiques, un rôle de contre-pouvoir dans un contexte de répression politique.
Âgé de 53 ans, député depuis près de deux décennies et ancien ministre sous la présidence de John Magufuli, Luhaga Mpina est davantage connu dans sa circonscription de Kisesa qu’à l’échelle nationale. Son manque de charisme sur la scène politique nationale fait douter certains analystes de sa capacité à incarner une véritable alternative. Mais sa candidature confère à son parti, ACT-Wazalendo, une place centrale dans un scrutin qui semblait promis à la présidente Hassan face à des rivaux mineurs.
L’opposition fragilisée par les divisions
L’absence du principal parti d’opposition, Chadema, disqualifié pour avoir refusé de signer le code de conduite électoral, a profondément modifié l’équilibre politique. Son leader, Tundu Lissu, est par ailleurs emprisonné pour trahison, ce qui affaiblit davantage le camp contestataire. Dans ce contexte, ACT-Wazalendo apparaît comme la principale force d’opposition, mais une alliance avec Chadema est jugée improbable. Les deux formations entretiennent depuis 2015 une relation de défiance, marquée par des ruptures politiques et personnelles.
La validation de Luhaga Mpina redonne de l’enjeu à une présidentielle prévue pour le 29 octobre, initialement perçue comme jouée d’avance en faveur du parti au pouvoir, le Chama cha Mapinduzi (CCM). Mais les obstacles restent nombreux pour l’opposition : répression des rivaux, poursuites judiciaires contre leurs leaders et inégalités dans l’accès aux médias. Mpina, lors de sa conférence de presse à Dar es Salaam, a tenu à rappeler que « les hommes politiques et les partis d’opposition ne sont ni des traîtres ni des criminels ».