Présidentielle en Guinée : vers un second tour apaisé ?


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Les deux candidats au second tour de la présidentielle guinéenne, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, ont signé vendredi un « protocole d’entente » où ils s’engagent à respecter les résultats du scrutin prévu le 19 septembre. Après s’être mutuellement accusés de vouloir truquer les élections, les deux protagonistes se disent aujourd’hui disposés à jouer le jeu. La campagne démarre officiellement ce dimanche.

La présidentielle en Guinée se déroulera-t-elle dans la sérénité ? Les deux candidats au second tour, prévu le 19 septembre, se sont engagés vendredi à mener une « campagne politique apaisée » et à se conformer « scrupuleusement » au verdict des urnes, dans un accord singé à Ouagadougou, sous la houlette du président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la crise guinéenne. Le document, intitulé « protocole d’entente pour une élection apaisée en Guinée », invite en outre l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, candidat de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), et son adversaire Alpha Condé, le leader du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG), à respecter l’«indépendance» de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). La Commission faisait jusqu’ici l’objet d’une intense querelle entre les deux hommes qui s’accusaient mutuellement de velléités de fraude. Se disant victime d’une « gigantesque fraude » au premier tour, Alpha Condé souhaitait que le ministère de l’Administration du territoire, le Matap, participe à l’organisation du second tour, au motif que Cellou Diallo avait noyauté la Ceni pour truquer les élections. Le leader de l’UFDG n’a pas été emballé par l’idée, soupçonnant à son tour son Alpha Condé de vouloir utiliser le Matap à son profit. Avec le « Protocole » de Ouagadougou, les deux candidats donnent aujourd’hui l’impression d’être revenus à de meilleurs sentiments.

Pas de duel télévisé

A l’approche du coup d’envoi de la campagne, dimanche 5 septembre, les choses s’accélèrent. Le ministère de la Communication a convié jeudi les représentants des deux camps pour les informer du temps d’antenne qui sera accordé sur la télévision et la radio publique à leurs candidas respectifs. Il a été ainsi retenu pour chacun d’entre eux dix minutes dans le journal de campagne, rapporte guineenews.org. Selon la même source, Cellou Dalein Diallo a convié son adversaire à un duel télévisé, mais son responsable de la Communication, son épouse Martine Condine, a décliné, assurant qu’«Alpha Condé n’a pas besoin de débats pour se faire élire ».

Le temps des alliances

Cellou Dalein Diallo est arrivé en tête des suffrages lors du premier tour, organisé le 29 juin, avec un score de 43,69%, contre 18,25% pour l’opposant historique Alpha Condé. Le chef de l’UFDG bombe le torse : « Je suis confiant, je sais qu’il n’y a aucun risque pour moi de perdre ce second tour », a-t-il déclaré vendredi à l’AFP. « J’ai réalisé une performance de 44% des voix, j’ai conclu des alliances avec des partis qui ont réalisé au total 18%. Je pense que (…) j’ai toutes les chances de l’emporter et de manière éclatante », a-t-il ajouté. A la surprise générale, Alpha Condé a, lui, scellé, début août, une union avec le leader du Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN), l’ancien Premier ministre Lansana Kouyaté. Les deux hommes sont pourtant considérés comme des ennemis de longue date. L’outsider Condé et son allié espèrent que se réédite la faible participation du premier tour (seuls 1,8 millions de Guinéens sur 4,2 millions d’électeurs potentiels) pour démentir les pronostics. Rien n’est encore joué.

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