Poutine au Sommet des BRICS : l’Afrique du Sud entre le marteau et l’enclume ?


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Le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et son homologue russe, Vladimir Poutine, au Sommet du G20
Le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et son homologue russe, Vladimir Poutine, au Sommet du G20

Le Sommet des BRICS, en Afrique du Sud, approche à grands pas. Et la question de la présence physique du Président russe, Vladimir Poutine, se pose toujours. Puisque le mandat d’arrêt émis contre le dirigeant russe par la CPI est toujours d’actualité.

À environ un mois du sommet des BRICS prévu pour se tenir à Johannesburg, en Afrique du Sud, du 22 au 24 août 2023, tous les regards sont tournés vers le gouvernement du Président Cyril Ramaphosa. À cause d’une question qui tarabuste les esprits : l’Afrique du Sud osera-t-elle arrêter Vladimir Poutine, s’il se présentait physiquement au Sommet ? À cette grande interrogation, il est, à l’heure actuelle, difficile d’apporter une réponse tranchée.

Vers une présence physique de Vladimir Poutine ?

Ce que l’on sait, c’est que le Président sud-africain a confirmé, il y a environ dix jours, que le sommet se tiendra bel et bien dans son pays et que, dans ce sens, tout avançait comme prévu dans le processus d’organisation. Mieux, Cyril Ramaphosa avait apporté une précision de taille : la rencontre se tiendra « physiquement ». Ce qui suppose que Vladimir Poutine, comme ses pairs, devrait faire le déplacement de Johannesburg. En tout cas, le Vice-président sud-africain, Paul Mashatile, a expliqué à la presse que le Président russe a rejeté toutes les propositions intermédiaires à lui présentées par les autorités sud-africaines.

Il a notamment écarté toute idée d’intervention en ligne ou d’envoi de son ministre des Affaires étrangères en ses lieu et place. Même la possibilité de faire transférer le Sommet dans un pays non membre de la CPI comme la Chine est balayée d’un revers de la main. La seule option qui reste sur la table est celle de la présence physique du maître du Kremlin. Or, Cyril Ramaphosa n’ignore pas la position de la Russie sur l’arrestation de son Président. D’ailleurs, selon le dirigeant sud-africain, « la Russie a clairement indiqué qu’arrêter son Président en exercice serait une déclaration de guerre ». Et d’ajouter : « il ne serait pas cohérent, avec notre Constitution, de nous risquer à entrer en guerre » avec elle.

L’Afrique du Sud fera-t-elle à nouveau comme en 2016 ?

L’Afrique du Sud se risquerait-elle à se mettre en situation de guerre avec la Russie, un pays avec lequel elle entretient d’excellentes relations depuis des décennies ? Un pays qui a apporté, du temps de l’Union soviétique, son soutien à l’ANC pendant les heures sombres de l’Apartheid et qui fait que les dirigeants de ce parti au pouvoir ont un devoir de gratitude vis-à-vis de lui ? Sur cet aspect, même le parti de Julius Malema, Economic Freedom Fighters (EFF) est en phase avec l’ANC. En tout cas, l’Afrique du Sud se trouve dans une position délicate. Mais, une position qui ne sera pas une première. En 2016 déjà, le pays avait refusé de se plier à l’exigence de la CPI d’arrêter le Président soudanais, Omar el-Béchir, sous le coup d’un mandat d’arrêt international, alors qu’il visitait le pays. Il n’y aura peut-être pas un sans deux.

Sur le sujet : Ramaphosa confirme la tenue du sommet des BRICS en Afrique du Sud

Mise à jour : La présidence sud-africaine a annoncé que Vladimir Poutine ne participera pas au sommet des BRICS à Johannesburg.

« D’un mutuel accord, le président Poutine ne participera pas au sommet, mais la fédération y sera représentée par le ministre des affaires étrangères, M. Lavrov », a annoncé un porte-parole du président Ramaphosa.

Cette annonce soulage l’Afrique du Sud à double titre. Cette solution lui épargne un conflit avec la Russie, et lui évite de ne pas tenir ses engagements en tant que membre de la Cour Pénale Internationale (CPI).

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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