
Les États-Unis suspendent la délivrance de visas aux Burundais, invoquant des violations répétées des conditions de séjour. Une décision qui reflète la politique migratoire stricte de Washington et plonge de nombreux Burundais dans l’incertitude.
Depuis le 4 août, les États-Unis ont officiellement suspendu la délivrance de visas aux ressortissants du Burundi. L’administration Trump, fidèle à sa ligne dure sur l’immigration, justifie cette décision par des « violations répétées » des conditions de séjour par les Burundais. Une mesure radicale qui ajoute le Burundi à la liste des pays africains progressivement écartés du système migratoire américain.
Des abus de visas pointés du doigt par Washington
Selon un rapport officiel américain publié en 2024, plus de 15 % des Burundais ayant obtenu un visa excédaient la durée autorisée de leur séjour. Un chiffre jugé trop élevé par les autorités américaines, comparé à d’autres pays comme le Japon (0,15 %) ou même le Tchad (49 %), également visé par des restrictions.
Dans un message publié sur le réseau X (ex-Twitter), l’ambassade américaine au Burundi a tenu à souligner que « les actions d’une seule personne peuvent fermer les portes à toute une nation ». Elle rappelle que le respect des règles de visa est une responsabilité individuelle, mais dont les conséquences peuvent devenir collectives.
Une offensive anti-immigration assumée
La suspension des visas pour les Burundais s’inscrit dans une politique anti-immigration élargie engagée depuis plusieurs mois par l’administration Trump. En juin déjà, douze pays avaient été placés sur liste noire, dont plusieurs États africains : la Guinée équatoriale, l’Érythrée, la Somalie, ou encore le Soudan. Des restrictions s’étaient également abattues sur les étudiants et visiteurs médicaux originaires du Burundi.
Derrière cette stratégie, un objectif clair : réduire l’immigration irrégulière en ciblant les pays où les taux de non-respect des visas sont les plus élevés. Les États-Unis pointent aussi des « failles administratives » dans certains pays d’origine, qui compliquent le suivi et la coopération post-visa.
Colère et inquiétudes à Bujumbura
Du côté burundais, la réaction officielle est restée mesurée. Une source gouvernementale, sous anonymat, a toutefois exprimé l’espoir d’un dégel rapide : « Tout pourrait dépendre du comportement futur des Burundais à l’expiration de leur visa. » Le gouvernement reconnaît que ces sanctions pénalisent toute une jeunesse en quête d’opportunités académiques ou professionnelles à l’étranger.
Pour un pays classé en 2023 comme le plus pauvre du monde en PIB par habitant, cette suspension est un coup dur. Avec 75 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, l’accès aux États-Unis représentait, pour beaucoup, une voie d’évasion et de soutien familial via les transferts de fonds.
Un verrou diplomatique temporaire ?
Si la mesure semble pour l’instant définitive, certains analystes estiment qu’elle pourrait être levée sous conditions. Washington a déjà fait preuve de flexibilité par le passé avec d’autres pays. Tout dépendra donc des garanties que pourra offrir Bujumbura en matière de respect des engagements migratoires.
En attendant, la communauté burundaise et ses proches voient se refermer une porte majeure. Le signal est clair : dans l’Amérique de Trump, les passe-droits n’existent plus, et les visas se méritent… collectivement.