Port-Soudan dans la ligne de mire : les paramilitaires frappent à l’Est


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Eléments armés au Darfour
Des éléments armés au Darfour (Soudan)

Port-Soudan, longtemps perçue comme un ultime refuge dans le chaos soudanais, a été frappée ce jour par une attaque de drones menée par les Forces de soutien rapide (FSR). En visant ce bastion stratégique de l’est, les FSR bouleversent l’équilibre militaire du conflit et compromettent la sécurité de milliers de déplacés réfugiés dans la ville portuaire.

Dimanche 4 mai, la guerre au Soudan a atteint un autre niveau. Pour la première fois depuis le début du conflit en avril 2023, les Forces de soutien rapide (FSR) ont mené une attaque aux drones contre Port-Soudan, ville stratégique de la côte de la mer Rouge et siège provisoire du gouvernement. Les cibles : la base aérienne Osman Digna, l’aéroport, un entrepôt de marchandises et certaines installations civiles. Aucun blessé n’a été signalé, mais l’opération marque un tournant dans une guerre déjà dévastatrice.

Le bastion de l’Est n’est plus épargné

Jusqu’à présent, Port-Soudan, tenue par l’armée régulière, était restée à l’écart des combats qui ravagent le reste du pays. Abritant des agences onusiennes et des centaines de milliers de déplacés, cette ville portuaire servait de refuge relatif au milieu du chaos. Mais cette première incursion des FSR, menées par le général Mohamed Hamdane Daglo, brise cette apparente sécurité. L’attaque a été confirmée par l’armée, qui a immédiatement suspendu tous les vols à destination et en provenance de la ville.

Selon des analystes militaires, les FSR cherchent à démontrer qu’aucune région du Soudan n’est à l’abri. En s’en prenant à des sites symboliques et stratégiques comme l’aéroport de Port-Soudan ou des infrastructures électriques dans d’autres villes comme Atbara, la milice envoie un message clair : leur portée va bien au-delà des frontières du Darfour ou d’Omdourman. Cette stratégie vise aussi à perturber le trafic aérien, dissuader les compagnies internationales et renforcer leur poids politique dans une guerre où la communication est devenue une arme aussi puissante que les drones.

Une guerre sans fin, un pays à genoux

Depuis le 15 avril 2023, le Soudan s’enfonce dans un conflit entre deux anciens alliés devenus ennemis : le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée, et son ex-adjoint Daglo, à la tête des FSR. En deux ans, la guerre a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné 13 millions de personnes et provoqué la pire catastrophe humanitaire au monde, selon l’ONU. L’attaque contre Port-Soudan intervient alors que le pays est déjà au bord de l’effondrement, confronté à la famine, à l’exode massif et à l’absence totale de perspective de paix.

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