Paris : l’ex-chef rebelle Lumbala condamné à 30 ans pour crimes contre l’humanité


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Roger Lumbala
Roger Lumbala

La justice française a condamné l’ancien chef rebelle congolais Roger Lumbala à 30 ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l’humanité commis en RDC en 2002-2003. Ce verdict historique, rendu au nom de la compétence universelle, marque une étape majeure dans la lutte contre l’impunité des crimes internationaux.

L’ancien chef rebelle congolais Roger Lumbala a été condamné ce lundi 15 décembre par la cour d’assises de Paris à 30 ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l’humanité. Le verdict sanctionne des atrocités commises par ses soldats en République démocratique du Congo (RDC) en 2002-2003. Ce jugement, rendu au titre de la compétence universelle de la justice française, est qualifié d’historique par les organisations de défense des droits humains.

Une condamnation inédite en cour nationale

Âgé de 67 ans, Roger Lumbala a été jugé pour complicité de crimes contre l’humanité et association de malfaiteurs en vue de la préparation de ces crimes. Les faits reprochés s’inscrivent dans le cadre de la sanglante opération « Effacer le tableau » menée dans le nord-est de la RDC, notamment contre les populations civiles Batwa et Nande, et marquée par des massacres, des viols et des actes de torture. À l’époque, Lumbala était le chef du Rassemblement des Congolais démocrates et nationalistes (RCD-N) et aurait opéré aux côtés des troupes de Jean-Pierre Bemba, actuel vice-Premier ministre et ancien chef du Mouvement de libération du Congo.

Si trois chefs de guerre ont déjà été condamnés par la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes commis en RDC, les ONG soulignent l’importance de ce verdict : c’est la première fois qu’une cour nationale d’un pays se prévalant de la compétence universelle prononce une condamnation pour ces atrocités spécifiques.

Le procès et la compétence universelle

Le procès s’est tenu devant la cour d’assises de Paris depuis le 12 novembre 2025. La justice française a pu juger l’ancien chef rebelle, interpellé en décembre 2020, en vertu du principe de compétence universelle, qui permet à un État de juger des crimes particulièrement graves commis à l’étranger, indépendamment de la nationalité des auteurs ou des victimes.

Roger Lumbala a contesté toute légitimité à la justice française, refusant d’assister à son procès durant cinq semaines. Cependant, l’ancien chef rebelle est revenu écouter le verdict, qu’il a accueilli avec impassibilité. L’accusation avait initialement requis la réclusion criminelle à perpétuité.

Roger Lumbala dispose désormais de dix jours pour faire appel de cette décision. Ce jugement en France envoie un signal fort quant à la possibilité pour les victimes des conflits en RDC d’obtenir justice en dehors des juridictions internationales.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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