Omar Bongo mort et ressuscité


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Après l’avoir démenti, les autorités gabonaises ont finalement annoncé, lundi, le décès d’Omar Bongo Ondimba à l’âge de 73 ans. Dimanche soir, l’hebdomadaire français Le Point annonçait que le président gabonais était décédé des suites d’un cancer à la clinique Quiron de Barcelone, en Espagne. Mais selon le Premier ministre, c’est ce lundi en début d’après-midi que le doyen des chefs d’État a rendu l’âme. Les autorités gabonaises ont promis de protester contre les « dérives répétées » de la presse française.

Refroidi par la presse française, puis ressuscité par son Premier ministre, Omar Bongo a finalement été déclaré mort officiellement ce lundi en début d’après-midi. La confusion a régné, depuis dimanche soir, sur l’état de santé du président gabonais. Ce matin, tous les médias attendaient la confirmation officielle de l’annonce faite, la veille, par l’hebdomadaire français Le Point, du décès d’Omar Bongo. Mais surprise. Dans un communiqué, Jean Eyeghe Ndong, le Premier ministre gabonais, qui s’est rendu à Barcelone où le chef de l’Etat est hospitalisé depuis début mai, avait annoncé qu’Omar Bongo Ondimba n’était pas mort. Il avait même affirmé que des ministres gabonais, le président de l’Assemblée nationale et lui-même, lui avaient rendu visite dans la matinée de lundi. « Nous avons constaté que le président de la République est bien en vie », avait-t-il indiqué.

Echanges vifs entre l’Ambassade du Gabon en France et l’Elysée

Une source diplomatique espagnole, citée par l’AFP, avait également confirmé le démenti du Premier ministre gabonais. Voila donc ravivée la tension entre [Paris et Libreville qui s’était déclarée indignée par la diffusion « d’informations erronées » dont les médias français, publics et privés, avaient été à l’origine. Des informations « non vérifiées » que « quelques officiels français » avaient même commentées. Selon des renseignements obtenus par Afrik, Jean Marie-Bockel, secrétaire d’Etat français aux Anciens Combattants, par le biais de son secrétariat particulier, aurait contacté l’Ambassade du Gabon pour se renseigner sur la démarche à suivre afin de présenter des condoléances aux autorités gabonaises et à la famille Bongo. Ce coup de fil qui faisait suite aux informations lues dans la presse avait provoqué l’exaspération des diplomates gabonais. Selon la source d’Afrik, proche des autorités gabonaises, la représentation diplomatique du Gabon en France reçue lundi, à 11h, par Bruno Joubert, le conseiller Afrique de Nicolas Sarkozy, avait transmis une note verbale de protestation à l’Elysée. « Les échanges ont été vifs », nous a-t-on assuré. D’ailleurs, dans son communiqué, le Premier ministre gabonais avait promis de protester officiellement contre les « dérives répétées de la presse française » sur l’état de santé du président Omar Bongo Ondimba.

Plusieurs médias avaient relayé, dimanche soir, une information de l’hebdomadaire Le Point, selon laquelle le chef de l’Etat gabonais, admis depuis un mois dans une clinique barcelonaise, avait rendu l’âme. « Après 41 années passées à la tête du Gabon, Omar Bongo est mort dimanche, à 73 ans, des suites d’un cancer », avait écrit, sur son site internet, le journal qui a ajouté que le Nicolas Sarkozy, le président français, avait été « immédiatement informé ». Le Point affirmait que son information provenait d’une source appartenant à l’entourage du président gabonais. L’AFP, qui avait repris cette information, a indiqué avoir reçu la confirmation d’une autre source gouvernementale. Mais le Quai d’Orsay a très vite nié « être à l’origine » de l’annonce faite par les médias de la mort du président gabonais.

Une «tumeur grave»

Dans ce feuilleton sur l’état de santé du chef d’Etat gabonais, les autorités gabonaises ont souvent opté pour l’opacité. Et les nouvelles sont souvent venues de l’extérieur. Ainsi, Jeune Afrique avait révélé, début mai, près de deux mois après la mort de son épouse Edith, au Maroc, que le président qui venait de suspendre ses activités pour effectuer son veuvage et se ressourcer, avait quitté le pays à bord d’un avion médicalisé. Cette information avait été confirmée deux semaines plus tard par le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos. Ce dernier avait indiqué que le président gabonais était bien hospitalisé à la clinique Quiron, à Barcelone, qu’il allait « très mal » et qu’il souffrait d’une « tumeur grave ». C’est à ce moment seulement que les autorités gabonaises sont sorties de leur mutisme en indiquant que le doyen des chefs d’Etat africain allait bien mais aurait subi une opération chirurgicale.

Après moult déclarations et démentis, les autorités gabonaises ont finalement reconnu le décès d’Omar Bongo Ondimba ce lundi. Une nouvelle page peut s’ouvrir dans l’histoire politique du Gabon.

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