Olly Cann : « Gavi soutient la vaccination préventive dans les pays où le choléra est endémique »


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Olly Cann, directeur des communications de Gavi
Olly Cann, directeur des communications de Gavi

Les épidémies de choléra peuvent avoir des effets dévastateurs sur les communautés, entraînant des pertes de vies et des perturbations de la vie quotidienne. L’un des outils les plus critiques dans la lutte contre le choléra est le vaccin oral contre le choléra (VCO). En tant qu’acteur mondial de première ligne dans la vaccination, Gavi accompagne les États dans les interventions et la lutte contre ces épidémies, dans plusieurs pays d’Afrique. Notamment en République Démocratique du Congo et en Ouganda. Dans ce sens, elle a publié une nouvelle feuille de route sur l’avenir de l’approvisionnement en vaccins oraux contre le choléra. Comment Gavi soutient la RDC dans la lutte contre la Choléra ? Quel est le contenu de ce document mettant en exergue les réponses aux épidémies ? Réponses dans ce face-à-face avec Olly Cann, directeur des communications de Gavi.

Entretien

Depuis 6 ans, la RDC fait face à l’épidémie de Choléra. Quelles sont les initiatives de Gavi en termes d’accompagnement des efforts étatiques pour lutter contre cette maladie ? Que pouvons-nous retenir du vaccin oral VCO ?

Olly Cann : Gavi finance tous les stocks d’urgence gérés par l’ICG. Cela signifie que nous finançons l’achat et le transport des doses livrées aux pays par l’intermédiaire de l’UNICEF, partenaire de l’Alliance. Nous prenons également en charge les coûts opérationnels des campagnes de distribution de ces doses, transmises aux gouvernements, à l’OMS, à l’UNICEF et à d’autres organismes. Nous sommes également chargés de façonner et de développer les marchés pour ces vaccins qui sont historiquement limités ou restreints (Ebola, fièvre jaune, choléra, méningite) – en travaillant avec les fabricants et les partenaires pour assurer une augmentation régulière de l’offre et en travaillant avec les pays et les partenaires pour clarifier la demande.

Un enfant recevant un vaccin oral
Un enfant recevant un vaccin oral

Historiquement, la disponibilité du VCO a suivi une trajectoire ascendante. À ce jour, le stock a toujours été en mesure de répondre à 100% de la demande des pays pour la lutte contre les épidémies. Pendant de nombreuses années, il est resté des volumes pour une utilisation préventive – un processus qui n’est pas géré par l’ICG, mais par les partenaires de Gavi et du GTFCC. Le changement vraiment inquiétant que nous avons observé récemment est une augmentation des épidémies – précipitées par le manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, et exacerbées par les effets de la pandémie ainsi que par les inondations, les sécheresses, les conflits, les mouvements de population et d’autres facteurs ayant un impact sur l’accès à l’eau potable. Compte tenu de la taille et de la localisation des foyers, la maladie se propage aux pays voisins et à d’autres pays par le biais des mouvements de population.

Quel est le contenu de votre feuille de route publiée sur l’avenir de l’approvisionnement en vaccins oraux contre le choléra ?

Nous avons publié notre feuille de route, au mois de mai, décrivant les mesures essentielles à prendre pour que l’approvisionnement en vaccin anticholérique oral (VCO) puisse répondre à la demande croissante des pays. Publiée dans le contexte d’une récente vague de flambées de choléra dans le monde, la feuille de route prévoit les perspectives à court, moyen et long terme de l’approvisionnement mondial en vaccin anticholérique.  Nous l’avons élaborée en consultation avec une série de partenaires clés de l’Alliance, dont l’OMS, l’UNICEF, le Groupe de travail mondial pour la lutte contre le choléra (GTFCC) et la Fondation Bill et Melinda Gates (BMGF). Et elle décrit comment ces organisations, les fabricants et les pays peuvent travailler ensemble pour garantir que l’approvisionnement mondial en VCO permette une vaccination préventive à grande échelle, d’ici à 2026.

La feuille de route décrit trois domaines dans lesquels les partenaires travailleront ensemble pour s’assurer que l’approvisionnement soit disponible pour soutenir pleinement la réponse aux épidémies et la vaccination préventive à plus long terme. À court terme, optimiser l’utilisation et la disponibilité des stocks : Les partenaires de l’Alliance travailleront ensemble pour fournir aux pays des conseils actualisés sur la meilleure utilisation du vaccin dans les situations d’urgence, afin d’améliorer la planification des campagnes et d’optimiser l’utilisation des doses. L’élaboration d’un cadre d’allocation est essentielle pour assurer la cohérence de la demande, ainsi que la transparence et l’équité dans la distribution des doses aux pays qui ont besoin d’une vaccination préventive. Parallèlement, Gavi s’efforce d’aider les nouveaux fournisseurs à entrer sur le marché, plus rapidement, et avec des volumes plus importants. Et le principal fournisseur actuel, EuBiologics, à augmenter sa capacité de production.

Assurer la demande de vaccination préventive

Pour que l’offre réponde à la demande de programmes de VCO préventive d’ici à 2026, les pays et les partenaires doivent continuer à planifier ces programmes, longtemps à l’avance. Ces deux actions sont interdépendantes : une demande prévisible fournira aux fournisseurs des signaux précis leur permettant de s’assurer que les investissements nécessaires sont faits maintenant, pour garantir l’approvisionnement futur. Et cette sécurité de l’approvisionnement futur peut guider les plans de prévention du choléra des pays. La feuille de route décrit l’éventail des conseils techniques et du soutien nécessaire pour que les pays puissent cartographier, avec précision, les zones à haut risque de choléra et planifier des programmes préventifs multisectoriels, à long terme, de grande qualité et à fort impact.

Soutenir les innovations à fort impact en matière de vaccins et de modes d’administration

De nombreux candidats pour vaccins contre le choléra étant en cours de développement, il est essentiel d’envoyer des signaux clairs sur les innovations qui auraient le plus d’impact dans les pays à faible revenu où ces vaccins sont le plus nécessaires (comme une protection plus forte et plus durable chez les enfants et les adultes) et sur la manière dont elles devraient être priorisées. Des protocoles et un étiquetage clair concernant la durée de conservation des vaccins en dehors de la chaîne du froid lors d’une campagne ou d’une intervention d’urgence (également connue sous le nom de « chaîne de température contrôlée » ou CTC) permettraient d’accroître considérablement la facilité d’utilisation dans les pays à faible revenu. Et, partant, la capacité d’atteindre les personnes qui en ont le plus besoin.

Pouvez-vous nous parler de votre calendrier prévisionnel de vaccination sur l’ensemble du territoire national. Quelles sont les conditions pour en bénéficier ?

Le vaccin VCO n’est jamais utilisé à l’échelle nationale, mais Gavi soutient les interventions d’urgence, les crises humanitaires et la vaccination préventive dans les pays où le choléra est endémique. Gavi soutient la vaccination par le VCO, en RDC, depuis de nombreuses années, et, au début de cette année, a officiellement lancé sa fenêtre de soutien au diagnostic du choléra et au programme pluriannuel de vaccination préventive par le VCO, les premiers pays devant présenter leur demande dans le courant de l’année.

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