Nigeria : fin de l’état d’urgence dans l’État stratégique de Rivers


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Le Président du Nigeria, Bola Tinubu
Bola Tinubu, Président du Nigeria

Après six mois de tutelle militaire, l’État de Rivers retrouve une gouvernance civile. Le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a annoncé la levée de l’état d’urgence, signe d’un apaisement politique. Le gouverneur Siminalayi Fubara reprend ses fonctions, aux côtés de son équipe et de l’Assemblée locale.

Cette décision, essentielle pour la stabilité d’un État pétrolier clé, reste néanmoins entourée d’incertitudes.

Un contexte de crise institutionnelle et sécuritaire

En mars 2025, le président Tinubu avait décrété l’état d’urgence dans cet État pétrolier clé du delta du Niger. En toile de fond : une crise politique entre le gouverneur Siminalayi Fubara et son prédécesseur Ezenwo Nyesom Wike, ancien allié devenu adversaire. Les tensions avaient paralysé l’Assemblée locale, provoqué des blocages budgétaires et fragilisé la sécurité des infrastructures économiques, notamment les oléoducs.
 La Cour suprême avait alors qualifié la situation de « total effondrement de l’ordre public ». La situation a ouvert la voie à une administration militaire provisoire, confiée au vice-amiral à la retraite Ibok-Ete Ibas.

Retour à la gouvernance démocratique

À compter du 18 septembre, Siminalayi Fubara retrouve son poste de gouverneur, aux côtés de sa vice-gouverneure Ngozi Nma Odu et des membres de l’Assemblée législative. Le président Tinubu a salué « un nouvel esprit de compréhension et de volonté de collaboration » entre les différents acteurs politiques.
 Il a aussi insisté sur l’importance de la stabilité et de la paix. Selon lui, elles conditionnent la capacité des institutions à répondre aux attentes démocratiques de la population.

Un État vital pour l’économie nigériane

Rivers est l’un des poumons économiques du Nigeria. C’est dans cette région que se concentrent les principales exploitations pétrolières du pays, premier producteur du continent. La zone reste marquée par des violences récurrentes, mêlant gangs armés, sabotages d’oléoducs et trafics liés au pétrole. Le vol de brut représenterait jusqu’à 25 % de la production nationale selon certaines estimations.
La levée de l’état d’urgence représente donc un enjeu majeur, autant pour l’équilibre politique que pour la stabilité économique du Nigeria.

Des incertitudes persistantes

Si la réconciliation entre Fubara et Wike, facilitée par la médiation présidentielle, a permis d’apaiser la crise, plusieurs s’interrogent sur la durabilité de cet accord fragile. Les rivalités internes au Parti démocratique populaire (PDP) et l’implantation croissante du Congrès des progressistes (APC) dans l’Assemblée de Rivers pourraient raviver les tensions.
 Pour Bola Tinubu, la fin de l’état d’urgence est un pari politique : celui de miser sur la volonté des acteurs locaux de préserver la stabilité d’un État indispensable à la prospérité du Nigeria.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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