
Au moins 55 personnes ont été tuées dans une attaque terroriste survenue dans la soirée du vendredi 5 septembre 2025 dans la ville de Darul Jama, dans le nord-est du Nigeria, à la frontière avec le Cameroun. Le bilan reste encore incertain, plusieurs sources évoquant un nombre plus élevé de victimes.
L’hydre terroriste vient de frapper une fois de plus le nord-est du Nigeria. Des dizaines de personnes sont tombées sous les balles d’assaillants qui ont répandu la mort au sein des populations, tuant civils et militaires.
Une attaque coordonnée et brutale
Selon les premiers témoignages recueillis, des assaillants armés sont arrivés à moto à la tombée de la nuit. Munis de fusils d’assaut, ils ont ouvert le feu de manière indiscriminée sur les habitants, tout en incendiant des maisons. « Ils sont arrivés en criant et en tirant sur tout ce qui bouge », raconte Malam Bukar, un rescapé qui a fui avec sa famille. À son retour, il dit avoir retrouvé « des corps partout ».
Les violences se sont déroulées dans une zone sensible où est installée une base militaire. Selon un responsable sécuritaire, au moins cinq soldats figurent parmi les victimes. Un commandant de milice locale, Babagana Ibrahim, avance le chiffre de six militaires tués. L’armée nigériane n’a pour l’instant pas réagi officiellement.
Un bilan encore incertain
Le nombre exact de morts reste sujet à controverse. Le commandant de milice estime à 55 le nombre de personnes tuées, tandis qu’un employé d’une ONG, souhaitant garder l’anonymat, évoque 64 victimes. La confusion est accentuée par le chaos qui règne sur le terrain et par les difficultés d’accès à cette zone frontalière.
Parmi les victimes figuraient plusieurs familles récemment déplacées de la ville de Bama, où un camp de réfugiés avait été fermé plus tôt cette année. « Le gouvernement nous a dit qu’on serait en sécurité ici », témoigne Hajja Fati, une mère de famille qui a perdu son frère dans l’attaque. « Maintenant nous enterrons nos proches à nouveau », se désole-t-elle.
La marque de Boko Haram et de l’Iswap
Si la violence terroriste a diminué par rapport au pic des années 2013-2015, les groupes armés affiliés à Boko Haram ou à sa branche dissidente, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), continuent d’attaquer villages et postes militaires dans le nord-est du Nigeria.
D’après une source sécuritaire citée par l’AFP, l’attaque de Darul Jama aurait été menée par Ali Ngulde, un commandant de Boko Haram actif dans la région frontalière avec le Cameroun. Ce dernier est connu pour orchestrer des opérations ciblant à la fois civils et forces de sécurité.
Un drame humanitaire persistant
L’attaque de Darul Jama rappelle la fragilité de la situation sécuritaire dans le nord-est du Nigeria, malgré des opérations militaires de grande envergure menées ces dernières années. Depuis 2009, l’insurrection djihadiste a fait plus de 40 000 morts et contraint environ 2 millions de personnes à fuir leurs foyers, selon les Nations unies.
La tragédie du 5 septembre met en lumière le sort dramatique des déplacés internes, censés être réinstallés dans des zones jugées sûres mais qui demeurent sous la menace constante des groupes armés.