Niger : les sévères mises en garde de la junte contre la CEDEAO


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Mohamed Toumba, ministre nigérien de l'Intérieur
Mohamed Toumba, ministre nigérien de l'Intérieur

La junte militaire au pouvoir au Niger a mis en garde contre toute éventuelle attaque de la force en attente de la CEDEAO. Pour Niamey, une telle option signifierait la mise à mort de la CEDEAO.

C’est en marge du Forum Paix et sécurité, tenu à Lomé, au Togo, et les autorités nigériennes ont évoqué l’éventualité d’une attaque de la CEDEAO. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest maintient sa menace de rétablir le Président Bazoum dans ses fonctions. Et l’institution n’écarte pas de prendre les armes pour rétablir l’ordre constitutionnel dans ce pays ouest-africain.

« Venir chercher le cadavre » de Bazoum

Seulement, pour la junte nigérienne, c’est une opération hasardeuse que veut lancer l’institution. « La CEDEAO a très vite fait de mobiliser des troupes pour venir attaquer le Niger pour, soit disant rétablir le Président Bazoum sur son pouvoir. Militairement ce n’est pas possible, c’est du domaine du fantasme », a déclaré le ministre d’État nigérien en charge de l’Intérieur.

Le général Mohamed Toumba de mettre en garde : « nous le disons haut et fort, à une seule condition, si on force, peut-être, c’est son cadavre qu’il faut venir chercher. Si tel est l’objectif, peut-être que l’attaque pourrait se justifier. Si ce n’est pas le cas, je ne vois pas dans quelles conditions on pourrait revenir essayer de replacer le Président Bazoum ».

« Attaquer le Niger, c’est la fin de la CEDEAO »

« Nous avons dit une chose : attaquer le Niger, c’est la fin de la CEDEAO. C’est inéluctable », a poursuivi le gradé nigérien. Revenant sur les sanctions infligées à son pays, après le putsch du 26 juillet, Niamey reconnait qu’elles sont « très dures. Les premières heures, c’est quoi ? C’est la fermeture de la frontière dès le 27 juillet avec beaucoup de frets qui devraient venir des dépôts. Mais qui n’ont pas pu avoir accès au Niger jusqu’à aujourd’hui ».

« Beaucoup des denrées ont péri, beaucoup de commerçants ont perdu beaucoup d’argent dans cette affaire-là. Donc, je pense qu’ils se sont trompés de diagnostic. Ils se sont trompés de chemin », estime celui qui est membre influent du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). La junte militaire au pouvoir au Niger appelle, dès lors, à une autre approche de la CEDEAO.

« Recevoir ces terroristes à leurs frontières »

« Nous voulons plutôt avoir leur solidarité en venant nous aider à combattre ces terroristes. Parce qu’il ne faut pas qu’ils oublient que le Niger est un verrou. Aujourd’hui, créer le désordre au Niger, c’est aussi recevoir ces terroristes à leurs frontières, ça c’est clair et net », a lancé Le général Mohamed Toumba. Non sans convoquer l’expérience de son pays dans la lutte contre le terrorisme.

« Nous avons à notre actif dix ans de lutte contre le terrorisme. Et ce n’est pas rien », a rappelé le ministre nigérien de l’Intérieur. Condamnant la prise du pouvoir par la force, le 26 juillet dernier, la CEDEAO avait décrété un embargo économique contre le Niger. L’institution avait en outre brandi la menace d’une intervention militaire pour rétablir dans ses fonctions le Président déchu, Mohamed Bazoum. D’où les mises en garde de la junte au pouvoir à Niamey.

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