Nairobi accueille une formation pour l’autonomie financière des ONG africaines


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Du 26 au 28 août, la capitale kényane accueille un programme de formation. « Fundraising for African Nonprofits », tel est le nom de cette initiative ambitieuse qui rassemble des dirigeants d’ONG, des professionnels de la collecte de fonds et des experts politiques venus de toute l’Afrique.

Partout sur le continent, les organisations de la société civile font face à une tempête : réduction drastique de l’aide étrangère, réorientation des priorités des bailleurs traditionnels, et exigences croissantes en matière de redevabilité. Cette conjonction de facteurs pousse de nombreuses ONG africaines, habituées depuis des décennies à dépendre des financements externes, vers une remise en question fondamentale de leurs modèles économiques.

« Nos organisations sont souvent attendues au tournant pour délivrer des résultats de classe mondiale avec des ressources limitées« , explique Joseph Wang’endo, responsable technique senior à Africa CDC et fondateur de la Bloodlink Foundation. Cette réalité, partagée par des milliers d’acteurs du développement à travers l’Afrique, illustre l’urgence d’une révolution dans les approches de financement.

Une collaboration intercontinentale au service de l’Afrique

L’originalité de cette initiative réside dans sa dimension collaborative exceptionnelle. Impact Africa Consulting Limited (IACL) a su fédérer autour de ce projet des institutions de renommée mondiale : l’École de philanthropie de la famille Lilly à l’Université d’Indiana, le Centre de philanthropie africaine et d’investissement social (CAPSI) de la Wits Business School, la Fondation Bloodlink, et United Muslim Relief (UMR).

Cette convergence d’expertises permet une approche unique, mêlant les meilleures pratiques internationales aux spécificités du contexte africain. « Ce programme consiste à positionner les ONG africaines pour l’avenir« , souligne Dr. Shariq Siddiqui, directeur de l’Initiative de philanthropie musulmane à l’Université d’Indiana et formateur principal. « Il combine les preuves mondiales avec les réalités régionales pour aider les organisations à dépasser la collecte de fonds à court terme. »

Contrairement aux formations académiques traditionnelles, ce programme privilégie une approche résolument pratique. Les participants ne se contentent pas d’écouter des présentations magistrales ; ils s’immergent dans des sessions interactives, des simulations et des études de cas qui reflètent fidèlement les défis quotidiens auxquels font face les ONG africaines.

Oscar Kimaro, représentant du Private Agricultural Sector Support Trust de Tanzanie, témoigne de cette pertinence : « La compétition pour les subventions est incroyablement élevée, et de nombreuses initiatives solides restent sans financement. Ce programme nous montrera des moyens pratiques de positionner nos organisations pour le succès. »

Un changement de paradigme nécessaire

Dr. Edward Mungai, consultant principal chez IACL, ne mâche pas ses mots quant à l’ambition de cette formation : « Notre objectif n’est pas seulement de transférer des compétences, mais aussi de construire la résilience institutionnelle. Les ONG africaines doivent arrêter de courir après les subventions et plutôt élaborer des approches de collecte de fonds qui soutiennent la croissance et l’impact à long terme. »

Cette vision implique un changement radical de mentalité. Il ne s’agit plus de s’adapter aux caprices des bailleurs internationaux, mais de développer une capacité à mobiliser des ressources diversifiées : philanthropie locale, partenariats avec le secteur privé, innovations financières, et mécanismes de financement participatif.

Daniel Oluwasola, participant nigérian de l’One Life Initiative, résume l’attente généralisée : « Cette formation nous donne les compétences et stratégies pour concourir plus efficacement pour les subventions et sécuriser les ressources dont nous avons besoin pour maintenir nos programmes en vie et en croissance. »

Ces témoignages révèlent une prise de conscience continentale : l’heure n’est plus à la dépendance passive, mais à l’autonomisation active. Les ONG africaines veulent écrire leur propre histoire de développement, avec leurs propres ressources et selon leurs propres priorités.

Vers une nouvelle ère pour la société civile africaine

La conférence de clôture, prévue jeudi 28 août, sous la direction de Dr. Edward Mungai, rassemblera des discussions de panel, des études de cas et des perspectives régionales d’experts de premier plan, créant un espace de synthèse et de projection vers l’avenir.

L’enjeu dépasse largement le cadre de cette formation de trois jours. Il s’agit de catalyser un mouvement continental vers l’autonomie financière du secteur associatif africain. Les participants repartiront de Nairobi avec une vision renouvelée de ce que peut être une ONG africaine authentiquement souveraine.

L’Afrique semble prête à écrire un nouveau chapitre de son histoire associative, un chapitre où elle sera l’auteure de son propre développement.

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