Mpox en Afrique : résurgence de l’épidémie, état des lieux et défis sanitaires en mai 2025


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Mpox virus
Mpox virus

L’épidémie de Mpox continue de frapper plusieurs pays africains en ce début d’année 2025, avec des foyers particulièrement actifs en Afrique de l’Est et en Afrique de l’Ouest. Alors que les autorités sanitaires intensifient leurs efforts, la maladie pose toujours d’importants défis à plusieurs systèmes de santé sur le continent.

Depuis janvier 2025, le continent africain a enregistré 10 944 cas confirmés de Mpox et 63 décès, selon le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces chiffres s’ajoutent aux 20 009 cas signalés durant l’année 2024, confirmant la persistance de l’épidémie malgré les efforts déployés.

Les six dernières semaines ont été particulièrement préoccupantes avec 2 896 nouvelles infections. Trois pays concentrent la majorité des cas : l’Ouganda (1 343), la République démocratique du Congo (807) et le Burundi (198).

Sierra Leone et Ouganda : les nouveaux épicentres

La Sierra Leone est devenue le nouvel épicentre ouest-africain de l’épidémie, avec 384 cas confirmés en une seule semaine, représentant plus de 50% des infections sur tout le continent. Plus inquiétant encore, ces chiffres marquent une augmentation de 63% par rapport à la semaine précédente confirmant l’explosion de l’épidémie dans le pays.

L’Ouganda, quant à lui, s’est imposé comme le principal foyer mondial de Mpox avec 200 à 300 nouveaux cas hebdomadaires. Cette situation préoccupante fait de ce pays d’Afrique de l’Est le plus gros contributeur aux statistiques mondiales rapporte l’OMS.

La RDC toujours durement touchée

En République démocratique du Congo, la situation reste critique malgré un léger fléchissement de la courbe épidémique. Le pays a déjà enregistré 5 197 cas depuis le début de l’année 2025, après avoir comptabilisé 15 067 infections en 2024. Les autorités sanitaires congolaises craignent toutefois un sous-dépistage lié aux difficultés d’accès aux laboratoires dans certaines régions.

Pendant ce temps, le Burundi connaît une décrue progressive des cas, tandis que le Malawi vient de notifier ses premiers cas de clade Ib, signalant l’émergence d’une transmission communautaire dans ce pays jusqu’alors épargné.

Une réponse sanitaire continentale face à des défis persistants

Face à cette situation, l’Africa CDC (Centre africain de contrôle et de prévention des maladies) a prolongé le statut d' »urgence de sécurité sanitaire continentale » (PHECS). Actuellement, 15 pays africains demeurent en phase de riposte active, les flambées les plus préoccupantes touchant la Sierra Leone, l’Ouganda et les zones de conflit en RDC.

Le plan de réponse conjoint OMS–Africa CDC 2.0, couvrant la période de mars à août 2025, met l’accent sur deux axes principaux :

  • La vaccination, avec 662 000 doses MVA-BN déjà administrées, dont 88% en RDC
  • Le renforcement de la surveillance épidémiologique

Malgré ces efforts coordonnés, plusieurs obstacles entravent l’efficacité de la riposte :

  • Un financement insuffisant
  • Des difficultés dans la recherche des contacts
  • Une capacité d’hospitalisation limitée. Le cas de la Sierra Leone illustre particulièrement ce dernier point, avec seulement 60 lits disponibles pour plus de 800 patients actifs.

Comprendre le Mpox : une maladie aux multiples visages

  1. Le Mpox est une zoonose causée par un orthopoxvirus proche de la variole. La maladie se manifeste sous différentes formes selon les clades (variantes génétiques) du virus :
    Clade I (sous-types Ia et Ib) : Prédominant en Afrique centrale et orientale, il présente une létalité historique pouvant atteindre 10%. Le sous-type Ib est responsable de l’actuelle recrudescence africaine.
  2. Clade II (sous-types IIa et IIb) : Traditionnellement présent en Afrique de l’Ouest, ce clade s’est propagé mondialement en 2022. Sa létalité est généralement inférieure à 1%.

Les symptômes typiques incluent d’abord un syndrome pseudo-grippal, suivi d’une éruption vésiculo-pustuleuse pouvant laisser des cicatrices. La transmission se fait principalement par contact étroit peau-à-peau, par gouttelettes respiratoires ou par l’intermédiaire d’objets contaminés. Le réservoir animal exact du virus reste à ce jour non identifié avec certitude.

Une histoire épidémique de plus de 50 ans

L’histoire du Mpox est jalonnée de plusieurs étapes clés :

  • 1958 : Découverte initiale du virus chez des macaques de laboratoire au Danemark
  • 1970 : Premier cas humain documenté chez un nourrisson de 9 mois en RDC, coïncidant avec l’arrêt progressif de la vaccination antivariolique
  • 1996-1997 et 2017-2018 : Importantes flambées régionales en RDC puis au Nigeria
  • 2003 : Première propagation hors d’Afrique, aux États-Unis, via des rongeurs importés
  • 2022-2023 : Épidémie mondiale du clade IIb touchant plus de 100 pays, conduisant l’OMS à déclarer puis lever une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI)
  • Août 2024 : Deuxième USPPI déclarée face à la recrudescence africaine, particulièrement en RDC
  • 2024-2025 : Installation du clade Ib dans plusieurs pays africains et résurgence en Sierra Leone, Ouganda, Burundi et RDC

Les experts en santé publique estiment qu’avec un financement adéquat permettant d’améliorer le diagnostic, de déployer une vaccination ciblée et de renforcer la communication communautaire, le continent pourrait atteindre un plateau épidémique d’ici début 2026.

Cet article se base sur les données du Rapport de situation n°51 de l’OMS, avec des chiffres arrêtés au 20 avril 2025.

Masque Africamaat
Spécialiste de l'actualité d'Afrique Centrale, mais pas uniquement ! Et ne dédaigne pas travailler sur la culture et l'histoire de temps en temps.
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