Mozambique : nouvelle attaque djihadiste près des sites gaziers


Lecture 3 min.
Terrorisme en Afrique illustration
Terrorisme en Afrique illustration

Au Mozambique, la ville de Mocimboa da Praia a de nouveau été frappée par une attaque djihadiste. Dimanche 7 septembre, des insurgés affiliés à l’État islamique ont tué au moins quatre personnes, dont deux civils décapités. L’assaut, mené à seulement 80 kilomètres du site gazier de TotalEnergies à Afungi, souligne la fragilité persistante du Cabo Delgado.

Alors que les mégaprojets gaziers suscitent de grands espoirs économiques, l’insécurité chronique continue de plonger la région dans la peur et l’instabilité. Le nord du Mozambique replonge dans la tourmente. Dimanche 7 septembre, des insurgés affiliés à l’organisation État islamique ont mené un raid sanglant contre la ville côtière de Mocimboa da Praia, dans la province du Cabo Delgado. Au moins quatre personnes ont été tuées, dont deux civils décapités, lors d’affrontements avec les forces de sécurité mozambicaines et leurs alliés rwandais.

Une ville symbolique à nouveau ciblée

Située à environ 80 kilomètres du site gazier de TotalEnergies à Afungi, Mocimboa da Praia n’est pas une cible anodine. La ville avait été contrôlée par les djihadistes pendant près d’un an avant d’être reprise en août 2021 par les troupes mozambicaines et rwandaises. Son occupation avait marqué un tournant dans l’insurrection qui secoue le Cabo Delgado depuis 2017.

Cette nouvelle attaque rappelle la fragilité sécuritaire de la région, où plus de 6 000 personnes ont déjà perdu la vie en huit ans de conflit.

Décapitations et panique parmi les habitants

Selon plusieurs témoins ayant fui la ville, les assaillants ont mené leur offensive dans la soirée de dimanche. Deux membres des forces de sécurité locales ont été tués et deux civils exécutés par décapitation. D’autres sources locales évoquent jusqu’à quatre civils tués de la même manière. Des images circulant sur les réseaux sociaux montreraient les victimes, mais elles n’ont pas pu être authentifiées de manière indépendante.

Après un affrontement avec l’armée rwandaise déployée en renfort, les insurgés se sont repliés, semant la panique parmi la population déjà fragilisée par des vagues de violences successives.

Une région stratégique sous haute tension

L’attaque survient dans un contexte sensible. Le projet gazier de 20 milliards de dollars piloté par TotalEnergies, suspendu après l’assaut meurtrier de Palma en 2021, doit reprendre ses activités d’ici la fin de l’été européen. Dans la même zone, ExxonMobil doit également annoncer une décision d’investissement majeure en 2026 pour un projet encore plus ambitieux.

Ces mégaprojets énergétiques, perçus comme une manne économique pour le Mozambique, sont devenus des cibles stratégiques pour les insurgés, qui cherchent à déstabiliser la région et à affaiblir l’État.

Des populations toujours plus vulnérables

Au-delà des enjeux énergétiques, les violences continuent d’avoir un lourd impact humanitaire. Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées ces dernières semaines à la suite de nouvelles attaques dans le sud du Cabo Delgado. Les autorités britanniques déconseillent désormais tout voyage dans plusieurs provinces du nord du pays.
Entre insécurité persistante, enjeux géopolitiques autour du gaz et crise humanitaire, le Mozambique se trouve de nouveau face à une équation complexe. Chaque attaque rappelle la difficulté de stabiliser une région où la paix reste précaire et toujours menacée.

Avatar photo
Sidoine observe, écoute et raconte l’Afrique telle qu’elle se vit au quotidien. Sur Afrik.com, il mêle récits, portraits et analyses pour donner chair aux événements et aux débats qui animent le continent
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News