
Le Bénin pleure la disparition de Raïssa Gbédji, figure emblématique de la presse béninoise. Ancienne correspondante de RFI à Cotonou, elle est décédée le samedi 21 juin à Lyon, à l’âge de 52 ans. Journaliste rigoureuse, artiste passionnée et femme engagée, elle a marqué toute une génération.
Sa voix, sa plume et son parcours laissent une empreinte indélébile dans le paysage médiatique et culturel béninois.
Une trajectoire remarquable dans les médias béninois
Raïssa Gbédji a construit sa réputation sur des années de travail acharné, de rigueur et de passion. Diplômée en secrétariat et en communication, elle fait ses premières armes à Golfe FM, où sa voix devient rapidement familière aux auditeurs. En 2005, elle prend la tête de la rédaction d’Océan FM, un poste clé qu’elle occupe avec une autorité naturelle et un leadership salué. Sa nomination comme correspondante de RFI à Cotonou sera la consécration d’un parcours journalistique sans faute, marqué par le respect de ses pairs et l’estime du public.
Une voix singulière, entre journalisme et musique
Mais Raïssa Gbédji, c’était aussi une passion pour la musique et la scène. Collaboratrice du regretté Janvier Dénagan, proche d’artistes comme Danialou Sagbohan, elle avait une oreille fine et un amour profond pour les sonorités béninoises. Sa voix, grave, posée, magnétique, résonnait aussi bien dans les studios de radio que sur les scènes culturelles, où elle assurait la maîtrise de nombreuses cérémonies officielles. Elle n’était pas qu’une journaliste : elle était une artiste, une conteuse, une âme créative.
Des hommages unanimes et une empreinte indélébile
Depuis l’annonce de son décès, les hommages affluent, empreints d’émotion et de gratitude. Zakiath Latoundji, présidente de l’Union des professionnels des médias du Bénin, la décrit comme une voix incontournable du paysage médiatique national, reconnue pour son engagement sur le terrain, sa passion et sa rigueur. Pour ses anciens collègues, elle incarnait la convivialité et l’enthousiasme, une présence chaleureuse que beaucoup surnommaient affectueusement « Dada ». Et pour les plus jeunes, une source d’inspiration, un modèle de persévérance et de professionnalisme.
Engagée au sein de BPW Bénin, Raïssa Gbédji a marqué ses consœurs par son leadership et son engagement en faveur de l’autonomisation des femmes. « Tu as été une source d’inspiration pour nous toutes », écrit Huguette Akplogan Dossa, militante des droits des femmes, sur Facebook pour saluer une femme déterminée, souriante et profondément investie.
RFI lui a rendu hommage dans un article publié le 22 juin, en saluant « une voix familière de la presse et de la chanson béninoise ». Le média est revenu sur son parcours de correspondante à Cotonou, sur son engagement au sein de plusieurs radios locales, ainsi que sur son passage au ministère des Affaires étrangères comme conseillère. Cette reconnaissance souligne la place majeure qu’elle a occupée dans l’histoire des médias au Bénin.
Un départ prématuré, une mémoire vivante
La disparition de Raïssa Gbédji, quelques jours après celle du journaliste Dieudonné Idjiwa Akpo, jette une ombre sur le paysage médiatique béninois. Le choc est profond, le vide immense. Mais au-delà de la tristesse, son héritage reste vivant. À travers les voix qu’elle a formées, les reportages qu’elle a signés, les scènes qu’elle a animées, et les causes qu’elle a défendues, Raïssa continue de parler au Bénin et bien au-delà. Elle ne parlera plus, mais l’écho de sa voix résonnera longtemps encore.