
À quelques heures du tirage au sort de la Coupe du monde 2026, le nouveau système de chapeaux offre des perspectives nouvelles pour le Maghreb : quels scénarios de rêve… et quels groupes de cauchemar pour le Maroc, l’Algérie et la Tunisie ?
Pour le tirage de Washington du 5 décembre, Kennedy Center, la FIFA a réparti les 48 équipes en quatre chapeaux de 12, sur la base du classement FIFA de novembre 2025. Les trois pays hôtes (États-Unis, Canada, Mexique) sont automatiquement en chapeau 1 avec les neuf mieux classés (Espagne, Argentine, France, Angleterre, Belgique, Brésil, Allemagne, Portugal, Pays-Bas).
Pour le Maghreb, la photo est claire :
Maroc en chapeau 2, au milieu des gros calibres intermédiaires (Croatie, Colombie, Uruguay, Suisse, Japon, Sénégal, Iran, Corée du Sud, Équateur, Autriche, Australie).
Algérie et Tunisie en chapeau 3, avec la Norvège de Haaland, l’Égypte, la Côte d’Ivoire, le Qatar, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud, le Panama ou encore l’Ouzbékistan.
Le chapeau 4 regroupe des « petits » (Jordanie, Cap-Vert, Ghana, Curaçao, Haïti, Nouvelle-Zélande) et les vainqueurs à venir des barrages européens et intercontinentaux, avec potentiellement une grosse cylindrée comme l’Italie.
Règle essentielle à garder en tête pour les combinaisons : il ne peut y avoir qu’une seule équipe africaine par groupe (donc pas de duel lors de la première phase), et maximum deux Européens, toutes les autres confédérations ne pouvant être représentées qu’une seule fois par poule.
C’est dans ce cadre que se dessinent les meilleurs et pires tirages possibles pour les voisins du Maghreb.
Maroc : favori africain… mais un vrai risque de « groupe de la mort »
Porté par sa demi-finale historique au Qatar en 2022 et ses résultats solides depuis, le Maroc a gagné son statut de tête d’affiche africaine : il est seul pays du continent en chapeau 2, aux côtés de nations qu’on présente comme des outsiders très sérieux.
En pratique, cela signifie deux choses pour les Lions de l’Atlas. D’abord ils éviteront les autres équipes du chapeau 2, ce qui les protège de certains adversaires très pénibles dès le premier tour. En revanche, ils seront forcément opposés à un ogre du chapeau 1 et devront se méfier d’un troisième européen ou sud-américain via les barrages dans le chapeau 4.
Le meilleur tirage possible pour le Maroc en respectant les contraintes de confédération, pourrait ressembler à :
- Canada (CONCACAF, chapeau 1) : pays hôte, soutenu, mais beaucoup moins intimidant que l’Argentine, le Brésil ou la France.
- Maroc (CAF, chapeau 2).
- Qatar ou Ouzbékistan (AFC, chapeau 3) : expérience limitée au très haut niveau, statut d’outsider plutôt que d’épouvantail.
- Nouvelle-Zélande (OFC, chapeau 4) : qualifiée via l’Océanie, profil de « petit poucet » plutôt que de trouble-fête.
Sportivement, un tel groupe placerait le Maroc en favori crédible pour les deux premières places, avec même la possibilité de viser la tête du groupe car les hôtes canadiens manquent d’expérience.
Le pire tirage possible pour le Maroc
À l’inverse, le système à 48 équipes n’empêche pas de reconstituer un véritable groupe de la mort pour les Lions de l’Atlas. Un scénario noir, toujours en respectant les confédérations, pourrait être :
- Brésil (CONMEBOL, chapeau 1) : candidat naturel au titre, même en période de transition.
- Maroc (CAF, chapeau 2).
- Norvège (UEFA, chapeau 3) : une équipe en progrès, portée par Erling Haaland, capable de faire tomber n’importe qui sur un match.
- Barragiste européen type Italie (UEFA, chapeau 4) : si la Nazionale sort des barrages, elle arriverait en chapeau 4 avec un palmarès de champion du monde, transformant ce groupe en piège absolu.
Un tel groupe laisserait très peu de marge d’erreur au Maroc : chaque point pris, chaque différence de buts, chaque détail compterait pour espérer créer une nouvelle sensation mondiale.
Algérie : un retour attendu, suspendu au tirage
Absente du Mondial 2022, l’Algérie revient dans le grand concert mondial avec un statut intermédiaire : chapeau 3, donc exposée à la fois à un cador du chapeau 1 et à un adversaire costaud du chapeau 2.
Les Fennecs ont toutefois un petit avantage : ils ne pourront pas affronter le Maroc ni le Sénégal en phase de groupes, les deux autres représentants phares d’Afrique étant dans les chapeaux 2.
Le tirage idéal pour l’Algérie
Sur le papier, un groupe « jouable » pour espérer au moins une place de meilleur troisième pourrait être :
- Canada (CONCACAF, chapeau 1) : moins menaçant que l’Argentine, l’Espagne ou la France.
- Australie (AFC, chapeau 2) : solide collectivement mais rarement transcendant au Mondial.
- Algérie (CAF, chapeau 3).
- Nouvelle-Zélande (OFC, chapeau 4) : une équipe qui s’est souvent arrêtée en barrages par le passé et n’a jamais passé un cap majeur en Coupe du monde.
Dans cette configuration, l’Algérie pourrait clairement viser le top 2 et aborder le Mondial avec un discours offensif : « sortir des poules ne serait plus un rêve mais une obligation ».
Le scénario catastrophe pour les Fennecs
Un tirage plus cruel pourrait donner quelque chose comme :
- France (UEFA, chapeau 1) : championne du monde 2018 et finaliste 2022, avec une profondeur de banc impressionnante.
- Uruguay (CONMEBOL, chapeau 2) : redevenue redoutable sous Marcelo Bielsa, très agressive dans le pressing.
- Algérie (CAF, chapeau 3).
- Barragiste européen type Italie ou un autre gros (UEFA, chapeau 4).
Là aussi, quatre confédérations différentes, mais trois équipes habituées à disputer les quarts de finale ou plus, ce qui transformerait le retour algérien en parcours d’obstacles.
Tunisie : experte des Mondiaux, mais piégée en chapeau 3
La Tunisie, qui s’est qualifiée sans encaisser le moindre but lors de la campagne africaine, arrive avec son expérience des phases de poules… mais, comme l’Algérie, depuis le chapeau 3.
Sa solidité défensive lui permet d’espérer des matches serrés, voire des coups tactiques, à condition d’éviter le cumul de cadors.
Le meilleur groupe possible pour les Aigles de Carthage en respectant l’unique quota africain par groupe, un scénario favorable pourrait ressembler à :
- Canada (CONCACAF, chapeau 1) ou éventuellement Mexique, l’autre hôte, dont le niveau reste plus accessible que les super-puissances européennes et sud-américaines.
- Autriche (UEFA, chapeau 2) : équipe bien organisée mais sans star dominante.
- Tunisie (CAF, chapeau 3).
- Jordanie (AFC, chapeau 4) : néophyte, qui découvre le Mondial.
Un tel groupe ouvrirait une vraie fenêtre vers les 16es de finale. A l’opposé, le groupe cauchemar pour la Tunisie pourrait etre :
- Argentine (CONMEBOL, chapeau 1), championne du monde en titre, toujours emmenée par une génération très compétitive.
- Japon (AFC, chapeau 2), devenu une référence du football asiatique au pressing ultra-intense et au jeu rapide.
- Tunisie (CAF, chapeau 3).
- Barragiste européen très fort (UEFA, chapeau 4), avec l’ombre de l’Italie ou d’un autre gros repêché rôdant sur ce chapeau 4
Dans ce cas, la Tunisie serait condamnée à l’exploit permanent : prendre des points aux champions du monde ou à un cador européen pour espérer voir la phase à élimination directe.



