Miss Israël 2013 d’origine Ethiopienne : une élection politique ?


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Pour la première fois dans l’histoire de l’Etat hébreu, une femme africaine d’origine éthiopienne a été élue miss Israël 2013. Une élection qui intervient quelques semaines après le scandale des contraceptions forcées infligées aux migrantes éthiopiennes pour réduire le nombre de juifs éthiopiens dans le pays.

Elle se nomme Yityish Titi Aynaw. Elle a 21 ans. Elle est originaire de l’Ethiopie. Et c’est aussi la première lauréate d’origine africaine à être élue miss Israël. « C’est important d’avoir une première reine d’origine éthiopienne », a-t-elle déclaré après avoir été couronnée. La jeune femme, arrivée avec ses parents dans l’Etat hébreu à l’âge de 12 ans, souhaite aussi avec son élection faire changer le regard des Israéliens sur sa communauté.

La nouvelle miss israélienne, inspirée par la top-model afro-américaine Tyra Banks, a aussi pour objectif de faire carrière dans le mannequinat. Celle qui a été convaincue de participer à ce concours de beauté par un ami souhaite également faire évoluer les mentalités des Israéliens envers les mannequins noires.

Mais de nombreux observateurs sont surpris par le couronnement de la miss originaire d’Ethiopie, élue parmi cinq finalistes. En élisant pour la première fois de son histoire, une miss d’origine africaine, Israël régulièrement critiqué pour ses durs mesures envers ses immigrés, ne souhaiterait-t-il pas redorer son blason pour effacer cette image négative de sa politique migratoire ?

Discriminations

D’autant que cette élection intervient un mois après l’éclatement du scandale des contraceptions forcées infligées par l’Etat hébreu à de nombreuses migrantes éthiopiennes avant leur arrivée dans le pays. Une mesure qui avait pour objectif de réduire le nombre de naissance des Falashas, les Ethiopiens juifs vivant en Israël. D’où la baisse significative à partir des années 2000 du taux de fécondité au sein de cette communauté.

Depuis huit ans, en effet, les candidates qui souhaitent fouler le sol de la terre promise sont forcées de recevoir une injection d’un agent contraceptif de longue durée, intitulé Depo-Provera. Et celles qui refusent ne sont pas autorisées à se rendre en Israël. L’opération est effectuée dans les camps de transit avant leur arrivée dans le pays. Une opération qu’elles subissent tous les trois mois une fois qu’elles sont installées en Israël.

Effrayées, ces Ethiopiennes, issues de la communauté juive des Falashas, dans leur pays, n’ont eu d’autres choix que d’accepter. « Ils nous répondaient que, si nous n’en voulions pas, nous n’irions pas en Israël et que nous ne bénéficierions pas d’aides ou de soins médicaux. Nous étions effrayées », selon une des victimes, qui s’est confiée au quotidien israélien Haaretz. « Ils nous disaient qu’il s’agissait d’un vaccin », affirme une autre migrante qui s’est confiée au journal.

Les Falachas restés dans l’Etat hébreu seraient aujourd’hui plus de 120 000, dont 80 000 nés en Afrique. D’ailleurs c’est seulement en 1975 que le gouvernement israélien a reconnu la communauté juive des éthiopienne. Dans les années 80 et 90, les autorités ont organisés deux vastes opérations de rapatriement, permettant à 35 000 d’entre eux de s’installer en Israël. Mais ils sont encore nombreux à être confrontés à la discrimination au sein de la société israélienne.

En tout cas, quelle soit un coup politique ou non, l’élection de Yityish Titi Aynaw comme première reine de beauté originaire d’Ethiopie en Israël, ne laissera personne indifférent dans le pays.

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