Israël : des éthiopiennes victimes de contraceptions forcées


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Pour limiter le nombre de naissance des Falashas, les Ethiopiens juifs vivant en Israël, l’Etat hébreu a contraint des migrantes Ethiopiennes à recevoir des injections contraceptives.

La question de la baisse depuis 2000 de la fécondité des juifs éthiopiens résidant en Israël était longtemps restée en suspens. Mais elle vient d’être résolue. Le gouvernement israélien a en effet admis avoir contraint ses migrantes éthiopiennes à recevoir des injections contraceptives avant de rentrer dans son territoire. C’est suite à la diffusion d’un reportage sur la télévision israélienne, dans l’émission d’éducation Vaccum, que le scandale a éclaté au grand jour.

Depuis huit ans, en effet, les candidates qui souhaitent fouler le sol de la terre promise sont forcées de recevoir une injection d’un agent contraceptif de longue durée, intitulé Depo-Provera. Et celles qui refusent ne sont pas autorisées à se rendre en Israël. L’opération effectuée dans les camps de transit avant leur arrivée dans le pays. Une opération qu’elles subissent tous les trois mois une fois qu’elles sont installées en Israël.

Effrayées, ces Ethiopiennes, issues de la communauté juive des Falashas, dans leur pays, n’ont eu d’autres choix que d’accepter. « Ils nous répondaient que, si nous n’en voulions pas, nous n’irions pas en Israël et que nous ne bénéficierions pas d’aides ou de soins médicaux. Nous étions effrayées », selon une des victimes, qui s’est confiée au quotidien israélien Haaretz. « Ils nous disaient qu’il s’agissait d’un vaccin », affirme une autre migrante qui s’est confiée au journal. «Ils nous disaient que les gens qui ont beaucoup d’enfants souffrent. Nous leur disions que nous ne voulions pas l’injection», a renchérit une autre.

victimes de discrimination

Après avoir mainte fois formellement démenti ces accusations, le ministère israélien de la Santé a publié cette semaine une lettre précisant que des « contraceptifs ne devaient pas être prescrits sans le consentement explicite des patientes ». Un responsable a en effet admis que des Ethiopiennes ont été obligées de recevoir des injections contraceptives. L’association pour les droits civiques en Israël (ACRI) s’est insurgée contre une telle pratique, estimant que la lettre du ministère de la Santé constitue un aveu important que ce phénomène a bien existé.

Selon Christine Chaillot, spécialiste des chrétiens du Moyen-Orient, contacté par Afrik.com, les Falashas « vivaient principalement dans les provinces éthiopiennes de Gondar, Gojam et Wollo. La plupart d’entre eux se sont installés en Israël dès 1977 et ceci jusqu’en 1999 ». Mais très peu demeurent encore en Ethiopie, selon la chercheuse. « Les Falashas seraient des Agaws (ethnie de la région de Lalibela) convertis au judaïsme. Ils suivent la foi et la tradition juives, mais ils ont une Bible en guèze, l’ancienne langue des chrétiens éthiopiens ».

Les Falachas restés dans l’Etat hébreu seraient aujourd’hui plus de 120 000, dont 80 000 nés en Afrique. D’ailleurs c’est seulement en 1975 que le gouvernement israélien a reconnu la communauté juive des éthiopienne. Dans les années 80 et 90, les autorités ont organisés deux vastes opérations de rapatriement, permettant à 35 000 d’entre eux de s’installer en Israël. Mais ils sont encore nombreux à être confrontés à la discrimination au sein de la société israélienne.

Ce n’est pas la première fois que l’Etat hébreu est épinglé pour sa politique d’immigration. En juillet 2012, il avait également été pointé du doigt pour sa campagne d’expulsion de ses réfugiés originaires de l’Afrique subsaharienne. Le gouvernement n’avait pas hésité à exclure plusieurs milliers de migrants sud-soudanais ou encore ivoiriens. Les autorités ont été jusqu’à leur donner des primes pour les contraindre à partir. Tous les Ivoiriens qui ont plié bagage de leur plein gré ont touché 500 dollars par adulte et 100 dollars par enfant. Et les Sud-Soudanais ont reçu 1 000 euros par adulte et 400 euros par enfant.

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