Maroc : Ouidad Elma, « Wonder Woman de la compassion » contre les massacres d’animaux errants


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Ouidad Elma
Ouidad Elma

Déguisée en super-héroïne pour une campagne PETA, l’actrice franco-marocaine Ouidad Elma interpelle le Maroc sur le sort des animaux errants. Alors que le royaume prépare la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030, le fossé se creuse entre les promesses du programme officiel TNVR et la persistance d’abattages massifs sur le terrain. Portrait d’une mobilisation internationale qui questionne l’image du Royaume.

Vous incarnez une “Wonder Woman de la compassion” dans la nouvelle campagne de PETA. Qu’est-ce qui vous a poussée à endosser ce rôle et quel impact espérez-vous obtenir sur l’opinion publique marocaine ?

Ouidad Elma : Ce rôle de “Wonder Woman de la compassion”, c’est avant tout une extension naturelle de ce que je ressens depuis longtemps. J’ai grandi entre la France et le Maroc, et j’ai toujours été bouleversée par la souffrance animale — que ce soit dans les rues de Casablanca ou dans certains recoins oubliés de nos campagnes. Endosser ce rôle, c’est offrir ma voix à ceux qui n’en ont pas. J’espère déclencher une prise de conscience : montrer que compassion et modernité ne sont pas incompatibles.

Le Maroc est un pays riche en traditions mais aussi en cœur — il est temps que notre législation et notre regard sur les animaux reflètent cette richesse

Au-delà du visuel, quelles actions concrètes menez-vous pour faire avancer la mise en œuvre du programme TNVR au Maroc ?

Ouidad Elma : Je travaille actuellement avec plusieurs associations locales pour développer un plan d’action autour du TNVR (Trap-Neuter-Vaccinate-Return), une méthode respectueuse et durable pour gérer la population animale. Nous avons commencé par cartographier les zones critiques et organiser des rencontres avec des vétérinaires volontaires, des juristes, et des représentants de la société civile. L’objectif : mettre en place un protocole clair, reproductible, avec un soutien logistique pérenne. Je m’implique aussi au niveau institutionnel, avec l’action citoyenne nous avons envoyer une proposition de loi pour intégrer le TNVR dans une politique nationale de bien-être animal

La pétition de PETA a déjà recueilli plus de 110 000 signatures. Comment envisagez-vous de maintenir la mobilisation internationale jusqu’à la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030 ? Et comment comptez-vous impliquer la diaspora marocaine dans cette mobilisation ?

Ouidad Elma : La première étape, c’est de sensibiliser les médias et le maximum de citoyens marocains. Il faut remettre à jour la réalité du terrain : montrer ce que vivent les animaux errants au quotidien, mais aussi valoriser les associations et les individus qui œuvrent déjà avec cœur et efficacité. Je souhaite parler au plus grand nombre du programme TNVR, le faire connaître au-delà des cercles militants. C’est une méthode éprouvée, respectueuse, et adaptée à nos enjeux.

À la rentrée, j’aimerais organiser une grande conférence avec les principaux acteurs du travail animalier au Maroc — vétérinaires, associations, juristes, élus locaux — pour établir ensemble un plan d’action concret. Parallèlement, je travaille à la rédaction d’une proposition de loi pour encadrer légalement le TNVR, en y apportant une vision moderne, humaniste, et alignée avec les standards internationaux.

Ouidad Elma adopte un animal
Ouidad Elma adopte un animal

Quant à la diaspora marocaine, elle a un rôle clé à jouer. Elle est souvent sensible à ces sujets et très mobilisable. Je compte collaborer avec des artistes, sportifs et créateurs marocains à l’étranger pour fédérer autour de cette cause et porter notre message à l’international : un Maroc qui s’apprête à accueillir la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030 se doit d’être à la hauteur éthique de ses ambitions.

Brigitte Bardot, pionnière du militantisme animalier, fut l’une des premières icônes du cinéma à se battre pour cette cause. En quoi son parcours a-t-il influencé votre propre engagement et que retenez-vous de ses méthodes de plaidoyer ?

Ouidad Elma : Je suis très admirative de la constance de Brigitte Bardot. Elle a mis sa carrière entre parenthèses pour défendre une cause qu’elle jugeait plus urgente que tout. C’est radical, et je respecte profondément ce choix. Ce que je retiens surtout, c’est son courage de déranger. Elle n’a jamais eu peur d’être impopulaire pour défendre ceux qui ne peuvent pas se défendre. Moi, je crois à une approche peut-être plus inclusive, plus dialoguante — mais je lui dois cette inspiration première : celle de transformer une notoriété en levier d’action. Et si un jour, on me dit que j’ai fait ne serait-ce qu’un quart de ce qu’elle a fait pour les animaux, ce sera déjà une immense fierté.

Côté cinéma, quels sont vos prochains projets et comment gérez-vous votre carrière avec votre militantisme pour les animaux ?

Ouidad Elma : Je viens de terminer le tournage du film de Layla Triki, un film d’auteur marocain puissant et délicat, qui sortira à la rentrée. C’est un projet qui me tient à cœur, parce qu’il met en lumière une parole intime, profondément ancrée dans notre réalité marocaine. À l’international, je suis aussi très heureuse de faire partie de la série Atomic, qui sortira prochainement sur Sky Television. J’y partage l’écran avec Alfie Allen, dans un univers complètement différent, plus nerveux, plus explosif — c’est un vrai challenge d’actrice.

D’autres projets sont en cours, mais je ne peux pas encore en parler. Ce que je peux dire, en revanche, c’est que mon engagement pour les animaux fait désormais partie intégrante de mes choix professionnels. Je veille à ce que mes tournages soient éthiques, et je n’hésite pas à utiliser ma visibilité pour faire passer des messages, que ce soit à travers un rôle, une interview ou une simple publication. Pour moi, l’art a une responsabilité : celle d’éveiller.

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