Marcoussis ne passe pas


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Drapeau de la Côte d'Ivoire
Drapeau de la Côte d'Ivoire

Plusieurs dizaines de milliers de jeunes, qui soutiennent Laurent Gbagbo et s’opposent à l’entrée des rebelles dans le gouvernement, ont déferlé samedi soir et dimanche matin sur le quartier du Plateau à Abidjan, s’en prenant aux intérêts français sur place. Après ce week-end de violence, le calme semble revenu sur la capitale économique qui attend le prochain discours du président.

Abidjan semble avoir retrouvé son calme, après un week-end mouvementé. Samedi soir, des rassemblements ont été signalés dans la ville et se sont amplifiés dimanche. Des dizaines de milliers de « jeunes patriotes » qui soutiennent Laurent Gbagbo et s’opposent à l’accord de Marcoussis prévoyant l’entrée des rebelles au gouvernement, ont violemment manifesté leur mécontentement. Ce qui a mis le feu aux poudres : l’annonce, samedi, par le secrétaire-général du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI), Guillaume Soro, de l’octroi aux rebelles des ministères de la Défense et de l’Intérieur et la nomination, en tant que Premier ministre de consensus, de Seydou Diarra, musulman du Nord, ancien Premier ministre reconverti en industriel.

Déferlant sur le quartier du Plateau samedi soir et dimanche matin, les jeunes ont pris d’assaut les principaux symboles français à Abidjan : l’ambassade, assiégée dimanche, des écoles françaises, les bureaux d’Air France, le Centre culturel français et le camp français du 43ème bataillon d’infanterie de Marine. Des magasins et certains domiciles d’expatriés ont également été pillés ou brûlés. Les troubles n’ont fait ni morts ni blessés parmis les ressortissants français « mais il y a de la casse », assure une habitante.

Tout le monde est fâché

Le président Laurent Gbagbo, qui assistait à un mini-sommet africain à Paris afin d’entériner l’accord de Marcoussis, a écourté sa visite pour regagner son pays dimanche soir. Il a appelé les Ivoiriens au calme. Dominique de Villepin, ministre français des Affaires étrangères, a accusé « une poignée d’extrémistes proches du pouvoir » d’être responsables des destructions commises ce week-end. Pourtant, selon une Ivoirienne, « tout le monde est fâché, les jeunes et les femmes surtout. La mobilisation est totale parmi la population. Les décisions qui ont été prises à Marcoussis sont d’une impopularité totale, elles ne passent pas du tout. C’est comme si on institutionnalisait les mouvements rebelles. Comme si une poignée de mécontents pouvait faire passer ses idées par la force, comme si les bourreaux revenaient en puissance… »

De fait, les fameux « jeunes patriotes » rassemblent plusieurs mouvements : les jeunes du FPI (le parti du président) mais aussi des anciens du Cercle d’Ado (mouvement de soutien à Alassane Ouattara) ou des Sorbonnards. « Un vrai melting-pot », assure la même Ivoirienne qui a observé, de sa maison, les allées et venues des jeunes tout le week-end. Lundi, elle n’a pas été travailler, comme la plupart de ses compatriotes. « Les gens n’ont pas la tête à ça », explique-t-elle. « Tout le monde attend le discours du président. La Côte d’Ivoire est suspendue à ses lèvres. » Laurent Gbagbo, qui a annoncé lundi matin avoir entamé des consultations, a promis de s’adresser à la population lundi.

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