
Deux ans de silence, de douleurs et d’injustice. Arrêtés pour avoir dénoncé des exactions de l’armée malienne, trois militants du Mouvement pour la paix au Mali croupissent en prison sans jugement. Malgré des appels répétés à leur libération émanant de la justice malienne et d’organisations internationales, les autorités de transition refusent de céder.
Au Mali, le silence pèse lourd sur le sort de Moulaye Baba Haïdara, Mahamoud Mohamed Mangane et Amadou Togola. Ces trois militants du Mouvement pour la paix au Mali (MPPM), également membres du parti Sadi, sont détenus depuis deux ans sans avoir été jugés. Accusés de complot contre la sûreté de l’État après avoir dénoncé des exactions de l’armée malienne contre des civils, ils subissent une détention arbitraire, marquée par la torture et des conditions inhumaines. Malgré des décisions judiciaires et internationales appelant à leur libération, les autorités de transition restent inflexibles.
Des arrestations en marge du droit
Tout commence entre mai et juin 2023. Les trois hommes sont arrêtés de manière extrajudiciaire par la Sécurité d’État, sans mandat, ni procédure officielle. Leur « crime » : avoir osé critiquer publiquement les dérives de l’armée. Enlevés dans un climat d’intimidation, ils sont ensuite transférés dans des lieux de détention secrets où ils endurent plusieurs mois de sévices.
Les récits de leur calvaire font froid dans le dos. Flagellations, électrocutions des parties génitales, scarifications : la torture devient leur quotidien. Deux ans plus tard, les séquelles sont visibles, tant sur le plan physique que psychologique. Leurs familles, démunies, dénoncent un acharnement destructeur et une volonté manifeste de briser ces voix dissidentes.
Une justice sourde et silencieuse
Malgré l’indignation croissante, ni les demandes de mise en liberté provisoire, ni les décisions du juge d’instruction malien, ni même celles de la Cour africaine des droits de l’homme n’ont permis d’aboutir à leur libération. En mars 2025, les experts de l’ONU ont une nouvelle fois appelé à leur libération urgente pour raisons médicales et violations de procédure. En vain.
En février dernier, la Cour d’appel du Mali a justifié la prolongation de leur détention par des « aveux » dans lesquels les trois militants auraient reconnu un projet de renversement des autorités de transition, avec la complicité de personnes à l’étranger. Des aveux qualifiés de « montage monstrueux » par leurs proches, qui insistent sur l’illégalité et l’arbitraire de leur détention initiale.
Depuis deux ans, aucune audience n’a été fixée. Les chefs d’inculpation sont graves : atteinte à la sûreté de l’État, complot, association de malfaiteurs, faux et usage de faux… Pourtant, aucune preuve concrète n’a été présentée, et la procédure reste au point mort. Le dossier semble aujourd’hui instrumentalisé pour faire taire toute critique du régime.