« Maître Harold » : Apartheid, musique et pardon


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Une mise en scène épurée et conviviale signée par le dramaturge Hassane Kouyaté fait de Maître Harold une jolie pièce à découvrir. Cette adaptation de l’œuvre d’Athol Fugard, l’un des plus célèbres dramaturges sud-africains, mêle savamment humour et émotion. A voir jusqu’au 12 juillet à Paris.

Plus que trois jours pour voir à Paris Maître Harold, la pétillante adaptation de la pièce d’Athol Fugard par Hassane Kassi Kouyaté. Ses ingrédients pour traiter des rapports entre deux employés noirs, Sam et Willie, et leur jeune maître blanc de 17 ans, Harold dit Hally, dans l’Afrique du Sud ségrégationniste : d’abord un décor épuré. « Je le prends comme un compliment. J’avais avant tout envie de mettre mes personnages en lumière », explique le dramaturge d’origine burkinabé. Une mise en scène colorée et joyeuse et le jazz en prime viennent ensuite agrémenter la recette. « La musique et la danse sont très présents dans cette pièce. L’univers sonore est très important pour moi. Je travaille avec Stéphane Lambert, qui a une grande sensibilité. Je lui fais totalement confiance. »

Le trio formé sur scène par le dramaturge (Willie), Julien Favart (Maître Harold) et Beno Sanvee (Sam) vient donner vie à l’ensemble. Les relations entre Hally et « ses boys » naviguent entre affection et tension. Les comédiens surfent avec légèreté sur cette vague de sentiments jusqu’à la cime. Quel que soit leur registre, l’émotion est toujours au rendez-vous et s’impose parfois comme une invitée surprise. La crise de fou rire succède au questionnement intérieur. Hassane Kouyaté exploite avec subtilité les qualités qu’il reconnaît à l’auteur du texte Master Harold … and the boys, dont il s’est inspiré, dans la peinture de ses héros. « Fugard a une manière assez particulière de construire ses personnages. Ils sont toujours simples, plein d’humour et profonds ».

Allégorie du savoir-pardonner

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L’écrivain et réalisateur sud-africain Athol Fugard a lui même fait appel à ses souvenirs d’enfance à Port Elizabeth pour écrire cette histoire. L’œuvre de l’auteur de Tsotsi, adapté au cinéma en 2006, s’est construite autour des répercussions de l’Apartheid dans les relations entre les individus. Cette thématique justifie l’intérêt d’Hassane Kouyaté pour cette pièce, notamment « cette idée de pardon » en toile de fond. « Cette façon de dire « si on essayait encore », en dépit de tout, est une maxime qui s’applique à tous les rapports humains. Il peut arriver aux dents de mordre la langue, mais ils continuent de cohabiter, dit l’adage. » Un beau message que ce joli spectacle fait passer allègrement.

Après ces quelques représentations en France, Maître Harold voguera vers le Mali et le Burkina Faso en novembre. Pour éviter de lui courir après, rendez-vous au Lavoir Moderne Parisien, où l’œuvre d’Hassane Kouyaté se joue jusqu’à ce samedi 12 juillet.

 Maître Harold au Lavoir Moderne Parisien, à 21h

35 rue Léon, Paris 75018

Métro : Château Rouge

Réservation : 01 42 52 09 14

Site : www.2t3m-theatre.com

Jusqu’au 12 juillet

Tarif : 15 € / 10 € tarif réduit

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