Libye : entre espoir démocratique et blocages politiques, les élections municipales en demi-teinte


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La Libye tente une nouvelle avancée sur le chemin escarpé de la démocratie locale. En lançant une nouvelle phase des élections municipales, les autorités cherchent à renforcer l’ancrage institutionnel dans un pays encore profondément marqué par les divisions politiques et les tensions sécuritaires. Si certaines régions ont pu voter, d’autres restent à l’écart du processus. Ce scrutin municipal, pourtant porteur d’espoir, révèle une fois encore les défis immenses auxquels la Libye est confrontée pour renouer avec une stabilité durable.

Alors que la Libye peine encore à sortir de plus d’une décennie d’instabilité politique, un nouvel épisode électoral soulève à la fois espoir et inquiétude. Ce samedi 16 août, la Haute Commission nationale électorale libyenne (HNEC) a lancé la deuxième phase des élections municipales, une étape importante dans le processus de renforcement de la gouvernance locale. Toutefois, cette initiative ambitieuse se heurte à de nombreux obstacles.

Un scrutin partiellement engagé

Sur les 63 municipalités prévues dans cette phase, seules 26 ont pu ouvrir leurs bureaux de vote, en raison de graves incidents sécuritaires ayant conduit à la suspension du processus électoral dans plus des deux tiers des localités concernées. Les attaques contre les infrastructures électorales, notamment dans les villes de Zawiya et Ajilat, à l’ouest du pays, ont été dénoncées par la HNEC comme des actes orchestrés par des acteurs cherchant à faire dérailler l’ensemble du processus démocratique.

Sans identifier formellement les responsables, la commission évoque des « forces des ténèbres » animées par une volonté manifeste d’instabilité, cherchant à priver les citoyens libyens de leur droit de choisir leurs représentants. Des interventions sécuritaires auraient également contraint certaines municipalités à interrompre le vote, sans que les autorités ne précisent les raisons exactes ni les nouvelles échéances.

La participation, un signal encourageant

Malgré ces entraves, la HNEC maintient un ton résolument positif en soulignant la mobilisation grandissante des électeurs. Selon la commission, la participation démontre une conscience civique évolutive de la part des citoyens, de plus en plus enclins à s’impliquer pacifiquement dans la gestion de leurs affaires locales. Elle appelle les Libyens à se rendre aux urnes, assurant que les lois en vigueur garantissent la confidentialité et la liberté du vote, en dépit des campagnes de désinformation et des tentatives d’intimidation.

Ces élections sont perçues comme un jalon important pour instaurer une gouvernance locale légitime et efficace, en rupture avec les années de transition et de division. Elles constituent aussi une réponse aux attentes de la population, souvent déçue par les institutions nationales paralysées. La Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a salué l’organisation de ces scrutins dans les 26 municipalités actives. Elle y voit une opportunité majeure pour les citoyens d’exercer leurs droits politiques à travers un processus électoral pacifique, transparent et inclusif.

Le soutien des Nations Unies

La MANUL a tenu à féliciter la HNEC pour ses efforts techniques et son engagement constant malgré un environnement sécuritaire fragile. L’ONU a également appelé les autorités libyennes, toutes tendances confondues, à faciliter le bon déroulement des élections, à garantir la sécurité des électeurs et à respecter les résultats, soulignant l’importance de restaurer la confiance dans les institutions démocratiques locales. Malheureusement, cette dynamique électorale se heurte à la réalité d’une Libye encore fracturée.

Le pays reste divisé entre deux gouvernements concurrents : à l’ouest, l’exécutif dirigé par Abdelhamid Dbeibah, basé à Tripoli ; à l’est et dans une grande partie du sud, une administration parallèle dirigée par Oussama Hammad, désignée par la Chambre des représentants en 2022. Selon la MANUL, aucune élection municipale ne s’est tenue dans les zones contrôlées par ce second gouvernement, malgré l’enregistrement d’électeurs et de candidats. Ce blocage est perçu comme une atteinte directe aux droits politiques des citoyens vivant dans ces régions, accentuant le clivage entre les deux camps rivaux.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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