
Les Pays-Bas ont signé avec l’Ouganda un accord inédit prévoyant l’accueil temporaire de demandeurs d’asile déboutés. Présenté comme un projet pilote sous l’égide de l’ONU, il suscite déjà de vives interrogations : respect des droits fondamentaux, faisabilité juridique et comparaison avec l’échec du modèle britannique au Rwanda.
Les Pays-Bas et l’Ouganda viennent de signer un accord inédit qui prévoit le transfert en Ouganda de certains demandeurs d’asile déboutés du droit de séjour à Amsterdam. Ce projet pilote, présenté comme un centre de retour temporaire, suscite à la fois des espoirs de coopération renforcée et des interrogations sur sa faisabilité juridique et humanitaire.
Un accord signé sous l’égide de l’ONU
L’annonce a été officialisée à New York, en marge du sommet des Nations Unies, par le ministre néerlandais de la Justice, David van Weel, et son homologue ougandais, Odongo Jeje Abubakhar. L’accord prévoit l’installation d’un centre d’accueil en Ouganda pour héberger temporairement les personnes déboutées de leur demande d’asile aux Pays-Bas, principalement originaires d’Ouganda ou de pays voisins.
Le ministre néerlandais a insisté sur l’objectif du projet : « améliorer le processus de retour tout en respectant les droits fondamentaux des personnes concernées. » L’Ouganda, qui accueille déjà des centaines de milliers de réfugiés venus de la région des Grands Lacs, deviendrait ainsi un partenaire stratégique dans la gestion des flux migratoires européens.
Une mise en œuvre encore floue
Pour l’instant, aucune date précise ni détails sur les conditions d’accueil n’ont été communiqués. Le gouvernement néerlandais assure que les normes internationales seront respectées, mais les contours pratiques de ce transfert restent flous. Les personnes concernées seraient hébergées dans ce centre en attendant un retour vers leur pays d’origine, lorsque cela est possible.
L’opposition néerlandaise avait déjà dénoncé en 2024 un projet « irréaliste » et juridiquement contestable, rappelant l’échec du modèle britannique avec le Rwanda, abandonné après une série de recours judiciaires.
Une coopération stratégique mais controversée
L’accord marque un renforcement des relations bilatérales entre La Haye et Kampala dans le domaine migratoire. Pour les Pays-Bas, il s’agit d’un test pour contrôler les migrations irrégulières. Pour l’Ouganda, cela représente une reconnaissance de son rôle dans l’accueil des réfugiés, mais aussi un défi supplémentaire alors que le pays gère déjà une des plus fortes pressions migratoires en Afrique.
Reste à savoir si ce partenariat, salué officiellement comme une étape importante, saura s’imposer comme un modèle durable, ou s’il rejoindra la liste des expériences avortées, confrontées aux réalités juridiques et aux critiques humanitaires.