Les ondes engagées et vigilantes de Migrants contre le sida


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Globe terrestre
Globe terrestre représentant une partie de l'Afrique

Depuis 1995 le collectif de solidarité aux malades du sida d’origine arabe et africaine, Migrants contre le sida, occupe les ondes de la radio Fréquence Paris Plurielle à Saint-Denis. Tous les mardis de 17 à 18 heures, conseils pratiques et dénonciations engagées se succèdent. Reportage.

Locaux de Fréquence Paris Plurielle à Saint-Denis en région parisienne, de  » l’autre côté du périph’ « . Il est un peu plus de 16h et Reda Sadki, longiligne et noueux, est seul à son bureau perdu au milieu d’une grande pièce nue. Il travaille aux derniers détails de l’émission. Quelques chaises, pour les invités, quelques affichettes. L’endroit est silencieux et un peu froid, à peine réchauffé par la diction hachée et fiévreuse de Reda. Lorsqu’arrive Scolastique, une des bénévoles récemment ralliés à la cause de Migrants contre le sida, il lui explique que le programme d’aujourd’hui est plus que chargé.

Une heure par jour. Pas une de plus

Quatre invités sont prévus et il faut gérer. Une heure d’antenne, pas plus, pour parler aux malades du sida d’origine arabe et africaine de sujets qui les touchent directement. Le choix d’utiliser la voie des ondes est clair :  » Nous voulons toucher directement les gens concernés. Cette radio, qui diffuse en banlieue, nous permet de le faire « , explique Reda, l’un des fondateurs du collectif Migrants contre le sida.

Le sourire éclatant et communicatif de Scolastique balaie toute tension. Africaine aux tempes grisonnantes, elle chausse ses lunettes et commence à réviser son texte. Quant à Reda, il est déjà en train d’accueillir les intervenants de l’émission.

Maître de cérémonie sec et nerveux, son regard est perçant et affûté, autant que ses idées. A peine donne-t-il le programme de l’émission que la conversation et le débat s’engagent entre Thierry Meyssan, du Réseau Voltaire, et Aimée, de la Maison Ikambere. Les idées fusent, laissant présager un bon moment à l’antenne. Reda explique :  » Vous devez parler dans un langage clair. Pas de jargon. Evitez aussi le dialogue inter-associatif : vous ne venez pas pour parler avec Migrants contre le sida, mais pour parler aux auditeurs.  »

Il est presque 17h et la tension monte. Les invités sont installés dans le studio aux murs tapissés d’affiches. Lumumba côtoie Amistad. Rapide signe de tête au technicien. C’est parti.  » Bonsoir, Migrants contre le Sida, en solidarité avec les malades arabes et africains. Voici notre 79ème émission « . Les sujets s’enchaînent : la chronique actualité fait le point sur les conditions des soins à l’hôpital Avicenne de Bobigny. Les auditeurs sont appelés à réagir et à témoigner.  » Nous engageons les gens à laisser des messages sur notre répondeur téléphonique, à ne pas recevoir les informations de façon passive « , explique Reda.

Suit la dénonciation des  » rapaces de l’émigration et de la santé « , de la  » mafia du sida « . Migrants contre le sida s’en prend aux prétendus détournements de fonds réalisés par Ensemble Contre le Sida de 1994 à 96, et au soutien que cette même association apporte au centre du Moulin Joly, aux  » pratiques nauséabondes et discriminatoires « .

Puis, Reda annonce mi-cynique mi-sérieux, la rubrique  » connaître nos ennemis « . C’est en effet au tour de Thierry Meyssan, visage anguleux et yeux cernés, de prendre la parole pour faire un portrait au vitriol de Marc Gentilini, président de la Croix-Rouge. Ou comment casser une image de marque en trois minutes. La voix, posée et sûre d’elle, énonce :  » Le poste de patron de la Croix-Rouge est une place convoitée. Elle donne des moyens à ses dirigeants à défaut d’en donner aux malades « . Puis c’est au tour d’Aimée de donner des informations sur le préservatif féminin et d’insister sur la prévention pour tous, nécessaire et inévitable. Avec nonchalance et professionnalisme, Aimée parle du sexe féminin en dédramatisant l’utilisation de ce préservatif dont les femmes se méfient encore.

Enfin, le docteur Elizabeth Bouvet, de l’hôpital parisien Bichat Claude-Bernard, explique le pourquoi du comment du traitement d’urgence. Là encore, du concret :  » Que faire si la capote craque ou si j’emprunte une seringue ?  » Pour finir sur une note plus légère, Mirella, d’Espoir Goutte d’Or, parle cuisine.  » Parce que bien manger est la première forme de thérapie « , chaque semaine l’émission laisse la place à l’évasion culinaire.

Rideau. Retour à la surface. Mirella pousse un cri :  » J’ai oublié le piment ! « . La tension retombée, on peut échanger les premières impressions. Il fait nuit et il fait froid et les silhouettes de la petite équipe soudée s’éloignent dans la nuit, vers la lumière d’un café, dans lequel ils pourront continuer de débattre, et parler de la prochaine émission. La 80ème déjà.

Migrants contre le sida est une émission de 60 minutes chaque mardi de 17 à 18 heures sur la radio Fréquence Paris Plurielle (FPP) 106.3 MHz FM. L’émission de la semaine est rediffusée sur FPP le mercredi matin de 11 heures à midi. Vous pouvez également écouter l’émission sur Internet, avec un lecteur MP3.

Demain : « Migrants contre le sida ». La dénonciation et l’action concrète

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