
Le paysage culturel Diy-Gid-Biy des Monts Mandara au Cameroun et la chaîne montagneuse du Mont Mulanje au Malawi ont été distingués lors de la 47e session du Comité du patrimoine mondial.
Cette double inscription s’inscrit dans un contexte où l’Afrique, malgré sa richesse culturelle et naturelle exceptionnelle, ne représente encore que 9% des biens inscrits au patrimoine mondial. Paradoxalement, le continent abrite près d’un quart des sites déclarés « en péril« , principalement à cause des conflits armés, du réchauffement climatique et de l’exploitation incontrôlée des ressources naturelles.
Diy-Gid-Biy : Un témoignage millénaire dans les Monts Mandara
Situé dans l’extrême-nord du Cameroun, le site de Diy-Gid-Biy – qui signifie « Ruine de la demeure du Chef » en langue mafa – s’étend sur 2 500 hectares et comprend seize sites archéologiques répartis dans sept villages. Ces structures en pierres sèches, vraisemblablement aménagées entre les XIIe et XVIIe siècles, constituent un témoignage exceptionnel d’une civilisation ancienne dont l’identité des constructeurs demeure mystérieuse.
Le paysage environnant ces vestiges archéologiques n’est pas moins remarquable. Les terrasses agricoles sophistiquées, les habitations traditionnelles, les tombes ancestrales et les lieux de culte témoignent d’une relation harmonieuse et durable entre les communautés locales et leur environnement. Les Mafa, qui habitent la région depuis le XVe siècle, ont su préserver et transmettre ces traditions ancestrales, maintenant vivant ce patrimoine millénaire.
L’inscription de ce site, déjà classé au patrimoine national camerounais depuis 2006 et figurant sur la liste indicative de l’UNESCO depuis 2017, représente une reconnaissance internationale de l’ingéniosité architecturale et de la richesse culturelle des peuples des Monts Mandara.
Le Mont Mulanje : La montagne sacrée du Malawi

Pour les populations locales, la chaîne montagneuse dominée par le Mont Mulanje, dans le sud du Malawi, est considéré comme un lieu sacré, habité par des dieux, des esprits et les ancêtres. En outre, le Mont Mulanje abrite une biodiversité remarquable, avec de nombreuses espèces endémiques adaptées à ses écosystèmes uniques. Les forêts qui couvrent ses flancs, les prairies d’altitude et les formations rocheuses spectaculaires créent une mosaïque d’habitats qui en font un véritable trésor naturel.
La session 2025 du Comité du patrimoine mondial a également examiné deux autres candidatures africaines issues de pays jusqu’alors absents du classement : la réserve de biosphère de l’archipel des Bijagos en Guinée-Bissau et les forêts de Gola Tiwai en Sierra Leone.
Ces sites naturels d’exception, refuges d’espèces menacées comme l’éléphant de forêt africain, illustrent la diversité des patrimoines africains en attente de reconnaissance internationale. Leur potentielle inscription future contribuerait à combler le déséquilibre actuel de la représentation africaine sur la Liste du patrimoine mondial.
Les défis de la préservation
Douze des 53 sites actuellement en danger dans le monde se trouvent en Afrique, incluant des joyaux comme le parc national des Virunga en République démocratique du Congo ou la ville historique de Tombouctou au Mali. Cette surreprésentation sur la liste du patrimoine en péril souligne l’urgence d’actions concrètes pour la protection de ces sites.
Sous la direction d’Audrey Azoulay, l’UNESCO a fait de l’Afrique une priorité stratégique. L’organisation s’est engagée à porter à 27% la part du budget alloué aux projets africains dès 2025. Cette augmentation significative des ressources devrait permettre de mieux soutenir les États africains dans leurs efforts de conservation et de mise en valeur de leur patrimoine.
L’inscription des sites de Diy-Gid-Biy et du Mont Mulanje devrait générer des retombées économiques pour les communautés locales à travers le développement d’un tourisme culturel et écologique responsable.