Les Français et les « alliés des croisés », nouvelles cibles des islamistes algériens


Lecture 4 min.
arton10991

Dans un communiqué publié ce mardi sur Internet, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien confirme sa volonté de frapper la France, « l’Amérique » et leurs « alliés croisés » en Algérie. Le 10 décembre dernier, quelques semaines après avoir prêté allégeance à Al-Qaida, le groupe terroriste avait attaqué les employés d’une firme américaine de construction à l’ouest d’Alger.

Que se passerait-il si le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) kidnappait aujourd’hui des touristes occidentaux, comme il l’a fait au début de l’année 2003, dans le Sahara algérien ? La question est cruelle pour un pays qui commence tout juste à rompre un isolement long de plus de dix ans. Mais elle est d’actualité. En août 2003, après des mois de tractation, le groupe terroriste algérien avait libéré les derniers otages européens qu’il avait encore entre ses mains. Il s’enorgueillit depuis sa formation, en 1998, de ne pas viser les civils algériens mais les forces armées et les agents de l’Etat. Mais depuis son allégeance à Al-Qaida à la fin de l’année 2006, le GSPC préconise la mort pour « les alliés des croisés ».

« Combattez les ressortissants de France et les agents des croisés qui occupent notre terre », demande au « peuple algérien musulman » son chef, Abou Moussaab Abdel Ouadoud, dans un message mis en ligne ce mardi sur Internet. Le groupe terroriste avait déjà revendiqué l’attentat mortel perpétré le 10 décembre dernier, près de Bouchaoui, à l’ouest d’Alger, contre le bus d’une firme américaine de construction. Il répondait ainsi aux sommations du numéro 2 d’Al-Qaida, Ayman al-Zaouahiri, qui, le 11 septembre dernier, enjoignait son nouveau satellite à être « un os dans la gorge des croisés américains et français ».

L’ennemi français, américain et algérien

Dans le communiqué publié aujourd’hui, Abou Moussaab Abdel Ouadoud, dit Abdelmalek Droukdal, s’en prend également au Président algérien, accusé d’être le complice de la France et de « l’Amérique » dans « la spoliation de nos richesses et le contrôle de nos destinées ». « Ô Bouteflika, ses agents généraux et ses maîtres croisés, sachez que nous venons à vous avec la volonté et le pouvoir de Dieu. Nous aimons mourir autant qu’ils aiment boire », menace-t-il.

Le GSPC est l’un des derniers groupes islamistes algériens à posséder une réelle capacité de nuisance en Algérie. C’est pourquoi le Président Bouteflika l’a récemment de nouveau appelé à déposer les armes dans le cadre de la loi sur la concorde civile : « Nos coeurs restent ouverts pour vous accueillir », leur a-il lancé. En réponse, Abdelmalek Droukdal a expliqué samedi dernier dans un autre communiqué que son groupe est « dans l’obligation de poursuivre (son) combat initié depuis la chute de l’Andalousie, la trahison de la Palestine et la création, par les agresseurs, de frontières fictives entre les Etats musulmans ».

L’internationale GSPC

Lorsqu’elles évoquent le GSPC, les autorités algériennes parlent d’un « terrorisme résiduel » et affirment que le mouvement compterait de 500 à 600 hommes. Mais dans la lettre publiée samedi, le chef du GSPC met au défi le ministre algérien de l’intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, de donner « le chiffre réel des jeunes qui ont rejoint le champ de bataille ces derniers mois ». Des jeunes qui « s’enthousiasment à porter les armes et à rejoindre les maquis de l’intérieur », assure-t-il, mais aussi « de l’extérieur du pays ».

C’est en raison de la possible présence du GSPC au nord du Mali que deux étapes du Dakar 2007 ont ainsi été annulées en décembre dernier. Dans le journal Sud-Ouest du 7 janvier, le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière prévient également que le risque d’attentats en France « reste élevé ». Il cite en exemple le récent démantèlement d’un réseau qui avait des objectifs à Paris. « Nous avons affaire à des individus opérant en France et qui, après un séjour sur le théâtre syro-irakien, reviennent (…) pour commettre des attentats en Europe, et notamment en France et au Maghreb ». Evoquant le GSPC, il explique que « le principal mouvement islamiste insurrectionnel d’Afrique du Nord affiche de plus en plus sa vocation internationaliste. Il est aujourd’hui la matrice des candidats maghrébins au djihad. »

Lire aussi

 Algérie : une firme américaine visée par les terroristes islamistes

 Menace terroriste : le rallye Dakar 2007 ne passera pas par le Mali

 Bouteflika : fermer les yeux pour faire la paix

 Heureux dénouement pour les otages du Sahara

En image, Moussaab Abdel Ouadoud, le chef du GSPC

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News