Les Ethiopiens célèbrent le retour de l’obélisque d’Axoum


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obelisque d aksoum

La troisième et dernière partie de l’obélisque d’Axoum est arrivée d’Italie en Ethiopie lundi 25 avril vers 03h20 GMT. Le symbole de l’identité nationale éthiopienne avait été dérobé en 1937 par les troupes mussoliniennes.

Par Nadège Ouinsou

L’Italie rend à l’Ethiopie ce qui est à l’Ethiopie. Le troisième et dernier tronçon de l’obélisque d’Axoum (ou Aksoum) a atterri à Axoum, dans le nord de l’Ethiopie, ce lundi vers 03h20 GMT. Les premier et deuxième blocs avaient été acheminés dans leur pays d’origine la semaine dernière. Le symbole de l’histoire et de l’identité du royaume préchrétien d’Axoum avait été volé par les troupes mussoliniennes en 1937. Au moment du vol, la stèle funéraire de plus de 150 tonnes, haute de 24 mètres et vieille de quelques 1 700 ans gisait au sol, après avoir été brisée en trois lors d’une attaque des musulmans au 16e siècle. Par la suite, le dictateur italien Benito Mussolini l’avait érigée devant le siège de l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), ancien ministère des Colonies.

Après de longues promesses italiennes et d’aussi longues querelles diplomatiques, l’Ethiopie et l’Italie avaient signé, le 18 novembre dernier, un accord sur le retour du monument. Cet accord s’inscrivait dans le cadre de la convention relative à la protection du patrimoine mondial culturel et naturel de 1972. L’Italie s’est engagée à prendre en charge le coût total de l’opération « restitution » qui s’élève à 6,28 millions d’euros. Elle comporte notamment le transport par avion, la restauration de l’Obélisque et sa réinstallation sur un socle, au cœur de l’ancien royaume d’Axoum.

La fin d’une « guerre » contre l’Italie

Le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi et l’ambassadeur italien en Ethiopie, Guido La Tella, se sont rendus à Axoum pour cet évènement historique, retransmis en direct à la télévision éthiopienne. Selon Monsieur Zenawi, « Ce n’est pas qu’un morceau de pierre, c’est un symbole d’unité ». De plus, il considère le retour de l’obélisque comme « la fin d’un très mauvais chapitre ». Quelques trois cents personnes, une rose rouge à la main, et des danseurs se sont mobilisés pour accueillir le monument. Sur le chemin menant de l’aéroport au centre-ville d’Axoum (cité d’environ 60 000 habitants) flottaient de nombreux drapeaux éthiopiens. Abebe Alenayu, un ancien soldat de 82 ans, l’un des derniers témoins du vol, était ravi. « C’est la fin de ma guerre avec l’Italie. Je ne pensais pas que je pourrais la voir revenir. C’est comme une renaissance pour moi et pour toute l’Ethiopie », a-t-il déclaré.

L’obélisque d’Axoum rentre au pays trois semaines avant les élections générales. Ce qui ne manque pas d’alimenter quelques polémiques. « En cette période électorale, nous craignons que le parti au pouvoir tire avantage de ce retour, alors que le rapatriement de l’obélisque est le résultat de la lutte de nombreux Ethiopiens et pas seulement du pouvoir en place », a indiqué Ledtu Ayalew, porte-parole d’un mouvement d’opposition, la Coalition pour l’Unité et la Démocratie (CUD). D’autre part, les Ethiopiens espèrent que le retour de la stèle pourra attirer des touristes du monde entier.

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