Les Egyptiens réclament justice


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Hosni Moubarak fait face à la justice égyptienne. Cette dernière a annoncé mercredi que l’ancien raïs, hospitalisé dans un hôpital à Charm El Cheik, ville du sud du Sinaï, était placé en détention provisoire pour une durée de 15 jours. Les fils de l’ex président, Alaa et Gamal, font l’objet de la même procédure judicaire. Une décision qui intervient alors que l’armée est de plus en plus contestée.

La justice égyptienne presse le pas. L’ex-président, Hosni Moubarak, placé en détention provisoire, est poursuivi pour violence contre les manifestants et détournements de fonds publics. Agé de 82 ans, il est hospitalisé dans un établissement de Charm El Cheik, où il est assigné à résidence, à la suite d’un malaise cardiaque lors de son interrogatoire mardi par un procureur du Sinaï. Des informations contradictoires circulent sur son état de santé. Selon une source citée ce mercredi par l’agence officielle Mena, l’ex chef d’Etat serait dans un état « instable ». La veille, le directeur de l’hôpital a assuré qu’il était en état de répondre aux questions des enquêteurs. L’ancien raïs a déjà eu plusieurs problèmes de santé. En mars 2010, il s’était rendu en Allemagne pour se faire opérer de la vésicule biliaire. Les fils de l’ex-chef d’Etat, Alaa et Gamal, sont accusés quant à eux d’« avoir incité à tirer sur les manifestants pendant la révolte populaire du 25 janvier au 11 février ». Les affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre durant cette période ont fait environ 800 morts et des milliers de blessés.

Moubarak se défend

Face à ces accusations, Hosni Moubarak est sorti pour la première fois, dimanche dernier, de sa réserve. Dans un message sonore diffusé sur la chaîne al-Arabiya, il s’est défendu des accusations de détournements de fonds, assurant n’avoir pas de compte à l’étranger. Il s’est également déclaré disposé à coopérer avec la justice. Le raïs s’est dit victime de “campagnes de diffamation visant à ternir sa réputation et son intégrité ainsi que celles de sa famille”.

Le crédit de l’armée s’érode

La détention de l’ancien chef de l’Etat et de ses deux fils intervient au moment où des critiques s’élèvent de plus en plus contre l’armée. Vendredi, des dizaines de milliers de manifestants se sont réunis à la place Tahrir pour demander la comparution d’Hosni Moubarak devant la justice. Ils réclamaient en outre le départ du Maréchal Mohammed Hussein Tantaoui, le chef du conseil suprême des forces armées qui dirigent l’Egypte depuis la démission du raïs le 11 février. Les manifestants lui reprochent d’avoir été ministre de la Défense sous l’ancien régime. Les affrontements entre les forces armées et les manifestants ont fait un mort et 71 blessés. La mobilisation s’est prolongée jusqu’à lundi, jour où des centaines de manifestants continuaient encore à occuper la place emblématique.

Les occupants de la célèbre place cairote, qui scandaient des slogans hostiles aux militaires, craignent que l’institution ne trahisse les principes de la révolution et le processus démocratique en cours. La cour militaire a condamné dimanche le blogueur Maikel Nabil à trois ans de prison pour avoir critiqué l’armée. Son avocat, Me Gamal Eid, a dénoncé les conditions « pratiquement secret(es) » dans lesquelles le verdict a été prononcé, stipulant que « Les avocats n’étaient pas présents ». A la fin du mois de mars, l’armée égyptienne soupçonnée d’actes de torture, a été au cœur d’une polémique.

La lune de miel semble bel et bien terminée entre la Grande muette et le peuple égyptien.

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