Le raï, patrimoine national algérien, vibration internationale


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14ème Festival du Raï en août 2025 à Oran
14ème Festival du Raï en août 2025 à Oran

Le Festival national du raï s’achève à Oran : une 14e édition sous le signe de la mémoire et du renouveau. Vendredi 22 août 2025 au Théâtre de verdure Hasni Chekroun d’Oran est tombé le rideau sur la 14e édition du Festival culturel national de la chanson raï. Huit soirées dont quatre à Sidi Bel Abbès du 7 au 10 août et quatre à Oran du 19 au 22 août ont rythmé cette édition qui plus que jamais a voulu conjuguer mémoire, hommage et ouverture.

Car cette année, le festival portait une charge symbolique forte : rendre hommage aux 40 ans du tout premier festival du Raï tenu en août 1985 sur ce même lieu où la clôture avait lieu ce vendredi. À l’époque, l’événement n’était pas encore institutionnalisé. Ce n’est qu’en 2003 que l’État algérien officialisera le festival, reconnaissant ainsi le Raï comme un genre musical patrimonial né dans l’Ouest algérien, devenu au fil du temps un phénomène mondial. Une reconnaissance renforcée en 2022 par l’inscription du Raï sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO au nom de l’Algérie.

40 artistes pour 40 ans

14ème Festival du Raï à Oran

Cette 14e édition a aligné 40 artistes, clin d’œil aux 40 ans de la première rencontre. Le plateau a réuni des générations et des styles, mêlant légendes, figures confirmées et nouveaux talents. À Sidi Bel Abbès, leur berceau, Raina Raï a retrouvé son public avec l’énergie de ses débuts. Zahouania, Fadela et Houari Benchenet ont offert aux spectateurs des instants de mémoire vive. Et Cheb Nasro, fort d’une longue carrière et d’une fidélité au raï, se produisait pour la première fois sur la scène du festival institutionnalisé, marquant ainsi cette édition de son empreinte.

La scène a aussi été marquée par Abbas, voix puissante du raï qui s’est imposé comme une référence de sa génération. Samira l’Oranaise et Bilal Sghir ont représenté une scène intermédiaire capable de dialoguer aussi bien avec l’héritage des pionniers qu’avec la fougue des plus jeunes.

La relève assurée

À Sidi Bel Abbès comme à Oran, la nouvelle génération a confirmé sa place, actuelle et connectée avec son public. La troupe Milouest Riad Naam a électrisé la scène à Sidi Bel Abbès, tandis que Cheb Hamidou, Cheb Momo et Hichem TGV ont démontré que le raï traverse bel et bien les générations. Leur énergie a rappelé que ce genre musical continuera à enflammer les cœurs et les esprits. Dans le même souffle, Amine Babylone avec son tube planétaire Zina a donné une dimension internationale à ce festival, prouvant que l’héritage du raï pouvait dialoguer avec les sonorités actuelles et universelles.

Entre Algérie et diaspora

Un autre point fort de cette édition fut la participation d’artistes de la diaspora tels que Mehdi Laifaoui et Lezhar Zenou. Leur présence a illustré l’attachement profond des musiciens établis sur l’autre rive de la Méditerranée à leur patrie d’origine et à ce genre musical qui les relie à leurs racines. Ces contributions renforcent le rôle du festival comme passerelle culturelle entre l’Algérie et sa diaspora artistique.

Un hommage à Mohamed Bousmaha

Festival du Raï 2025 à Oran

Un hommage vibrant a également été rendu à l’artiste de raï Mohamed Bousmaha, disparu en 2023, qui avait dirigé quatre éditions du festival. Un clip projeté sur les écrans, initié par le maestro Amine Dahane et réunissant plusieurs chanteurs ayant marqué les précédentes éditions ainsi que des proches du défunt, a célébré sa mémoire et son apport au rayonnement du festival.

Un public familial et une énergie nouvelle

Festival du Raï 2025 à Oran

Des familles entières ont répondu présent, confirmant l’ancrage populaire du raï dans les villes qui l’ont vu naître, Sidi Bel Abbès et Oran. Dans une ambiance conviviale et festive, la programmation a su séduire les nostalgiques comme les jeunes amateurs, preuve que le raï reste un vecteur d’unité intergénérationnelle.Certaines prestations ont marqué les esprits, comme le duo inattendu entre Chaba Manel et Parazar devenu viral sur les réseaux sociaux. Un signe que le festival n’a pas seulement célébré l’héritage du raï mais a aussi su l’inscrire dans l’air du temps, entre traditions revisitées et hybridations musicales.

Un genre toujours vivant

En se clôturant ce vendredi 22 août au soir à Oran, la 14e édition du Festival du Raï rappelle que ce genre né dans les marges, contesté avant d’être consacré, continue de porter la voix de l’Algérie au-delà des frontières. Entre mémoire, transmission et innovation, le raï prouve qu’il n’est pas seulement un patrimoine mais bien une énergie toujours vivante, capable de rassembler les générations et de dialoguer avec le monde.

La scène du 14ème Festival du Raï à Oran
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