Le Quai d’Orsay bannit les artistes du Mali, du Burkina Faso et du Niger


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La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna
Catherine Colonna, ministre française des Affaires étrangères

Le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères demande aux acteurs culturels de ne plus inviter sur le territoire français des artistes ressortissants du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Motif : la France ne délivre plus de visas dans ces trois pays, depuis le 7 août.

La tension entre le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la France n’épargne plus aucun secteur. Mercredi, le Quai d’Orsay a instruit les scènes culturelles subventionnées qui regroupent les centres dramatiques et chorégraphiques nationaux et les scènes nationales à l’effet d’arrêter d’inviter les artistes maliens, burkinabè et nigériens sur le territoire français. Trois pays touchés par des coups d’État et entretenant des relations tendues avec la France, ces derniers mois. Le ministère de la Culture et les directions générales des affaires culturelles (DRAC) ont servi de relais entre le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et les structures culturelles subventionnées.

« Sur instruction du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, il a été décidé de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso », peut-on lire dans l’adresse du ministère. « Par conséquent, enchaîne-t-il, tous les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception (…) De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée. À compter de ce jour, la France ne délivre plus de visas pour les ressortissants de ces trois pays sans aucune exception, et ce jusqu’à nouvel ordre ».

Vives réactions des milieux culturels et tempérance du ministère de la Culture

Dans les milieux culturels, une telle instruction a naturellement suscité un tollé général. Pour le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), il n’est pas question d’appliquer sans rechigner cette mesure. Ce jeudi, les responsables de ce syndicat sont montés au créneau pour dénoncer le ton « comminatoire » du message du Quai d’Orsay. Ils ont également souhaité rencontrer les autorités du ministère des Affaires étrangères pour discuter sérieusement de la question.

« Nous n’avons jamais connu d’injonction de la sorte », insiste Bruno Lobé, vice-président du syndicat et directeur du Manège, scène nationale de Reims. Et d’ajouter : « La philosophie de la France vis-à-vis d’artistes vivant dans des pays avec lesquels elle est en conflit a toujours été de continuer à les inviter, sans jamais rompre le dialogue ».

La vive réaction suscitée par cette décision dans les milieux artistiques a conduit, ce jeudi soir, le ministère de la Culture à relativiser les instructions données. « Aucune déprogrammation d’artistes, de quelque nationalité que ce soit, n’est demandée ni par le ministère des Affaires étrangères ni par le ministère de la Culture », a précisé le ministère de la Culture. Il met en avant la suspension, depuis le 7 août, non seulement de la délivrance de visas à partir de Bamako, Ouagadougou et Niamey, mais aussi des actions de coopération culturelle dans les trois pays cités. A en croire le ministère de la Culture, la décision ne concerne pas les personnes déjà détentrices de visas ou celles résidant en France ou encore dans d’autres pays.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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