
Les relations déjà délicates entre le Mali et l’Algérie prennent une tournure judiciaire. Le gouvernement malien a annoncé, jeudi 4 septembre, saisir la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye. Bamako accuse Alger d’avoir abattu, début avril, un drone de reconnaissance des forces maliennes, près de Tin Zaouatine, dans la région frontalière de Kidal.
Malgré la montée des tensions, la gestion du différend révèle la volonté des deux États de privilégier le droit international. Les autorités maliennes, qui dénoncent une « agression flagrante » contre leur souveraineté et rappellent leur attachement aux principes de non-recours à la force, accusent l’Algérie de collusion avec des groupes armés hostiles à Bamako. Elles affirment que la destruction du drone entrave leurs opérations contre les groupes terroristes du nord.
Face à ces accusations, l’Algérie expose une position fondée sur la défense de son intégrité territoriale et le respect de sa souveraineté. Selon Alger, qui met en avant la confirmation par ses radars militaires, le drone malien avait pénétré l’espace aérien algérien. Les autorités algériennes insistent sur la légitimité de leur réaction qui vise, avant tout, à protéger leur territoire contre toute incursion non autorisée. Cette rigueur dans la gestion des frontières s’inscrit dans une tradition de médiation et de stabilisation régionale, régulièrement saluée par la communauté internationale.
Une situation critique au nord Mali
Ce nouvel incident vient s’ajouter à une série de tensions liées à la situation sécuritaire critique dans la zone frontalière, fragile depuis la rupture du processus de paix d’Alger décidé unilatéralement par la junte malienne fin janvier 2024. La multiplication de vols de drones et d’hélicoptères militaires maliens à proximité, et parfois au-delà, de la frontière algérienne avait déjà suscité l’inquiétude d’Alger. En effet, l’instabilité dans le Nord du Mali et la présence de mercenaires étrangers dans la région, notamment russes avec des ex Wagner est un sujet d’inquiétude pour l’Algérie.
Depuis avril, chacun des deux pays a fermé l’espace aérien à son voisin, accentuant le climat de crispation et compliquant davantage le dialogue diplomatique. En portant le différend devant la CIJ, le Mali cherche à donner une dimension internationale au conflit. L’Algérie, pour sa part, rappelle son attachement au respect des frontières et à la nécessité d’une coopération régionale pour lutter contre les menaces transfrontalières.
Ce respect du droit international et la transparence attendue pourraient contribuer à apaiser les tensions et rétablir le dialogue entre deux voisins liés par l’histoire et la géographie.